A BORD D'UN AVION MILITAIRE AMÉRICAIN (Etats-Unis) (AFP) - Le sous-officier américain soupçonné d'avoir tué dimanche 16 civils afghans encourt la peine de mort en cas de condamnation par la justice militaire américaine, a indiqué lundi le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta.
Le sergent soupçonné du massacre des civils, dont de nombreux femmes et enfants, devrait être traduit devant une cour martiale selon le code de justice militaire américain. Celui-ci prévoit, parmi les sanctions envisageables, la peine de mort, a expliqué le chef du Pentagone aux journalistes, dont celui de l'AFP, à bord de l'avion qui fait route vers le Kirghizstan. Regrettant "les pertes de vie humaine terribles", M. Panetta a indiqué que le mobile des meurtres restait indéterminé.
Le sous-officier a quitté sa base en pleine nuit à pied pour se rendre dans un village alentour où il est soupçonné d'avoir tiré froidement une balle dans la tête de ses victimes avant de tenter de brûler les corps. "A un moment donné, il est revenu à la base et s'est rendu. Il a dit aux gens ce qui s'était passé", a confié le secrétaire à la Défense. Interrogé sur le fait de savoir si l'on pouvait parler d'aveu, M. Panetta a dit: "je pense que c'est le cas".
"Nous ne sommes pas certains des raisons (qui l'ont poussé à commettre ces crimes). Il est en détention, j'ai assuré le président (afghan Hamid Karzaï) qu'il sera amené devant la justice et devra rendre des comptes", a-t-il ajouté.
Cette équipée meurtrière s'ajoute à une série d'incidents -- Corans incinérés, images de Marines urinant sur des cadavres -- qui restent isolés et ne remettent pas en cause l'effort de guerre ni la stratégie américaine prévoyant le retrait des troupes de combat américaines et de l'Otan à la fin 2014, selon Leon Panetta.
"Nous ne pouvons permettre que ces événements minent notre stratégie ou la mission dans laquelle nous sommes engagés. Il est important que nous avancions", a-t-il martelé.
Le sergent, dont l'identité est gardée confidentielle pour les besoins de l'enquête, effectuait son premier déploiement en Afghanistan après avoir été basé en Irak à trois reprises. Il y a été blessé en 2010 dans un accident de la circulation qui a provoqué un traumatisme crânien, a confié à l'AFP un responsable américain de la Défense sous couvert d'anonymat.
De nombreux soldats américains ont été victimes de ce type de blessures en Irak et en Afghanistan, notamment dans des explosions. Les neurologues ont découvert un lien entre traumatisme crânien et l'apparition postérieure d'un syndrome de stress post-traumatique.
Le responsable de la Défense s'est toutefois refusé à établir un lien entre l'action du sous-officier et d'éventuels troubles psychologiques ou psychiatriques.
Un autre responsable américain a de son côté confirmé à l'AFP que le sergent était originaire de la base de Lewis-McChord, située près de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest).
C'est de cette base que venaient cinq soldats poursuivis pour avoir exécuté trois civils afghans en 2010.
Le meneur du groupe, accusé d'avoir élaboré pour s'amuser des "scénarios" d'exécutions de civils dans la province de Kandahar (sud) et d'avoir prélevé des parties des cadavres et pris des photos avec les dépouilles, a été condamné en novembre à la prison à vie.