NEW DELHI - Les autorités indiennes ont décidé de surseoir à l'exécution d'un sikh radical, condamné à mort pour son rôle dans l'assassinat d'un homme politique en 1995.
Balwant Singh Rajoana devait être pendu samedi à la prison de Patiala, dans le sud-est de l'Etat du Pendjab (nord), majoritairement peuplé de Sikhs, mais un appel contre cette mesure a été interjeté par le gouvernement du Pendjab auprès de la présidente indienne Pratibha Patil.
Il est sursis à l'exécution, tant que l'appel est examiné par la présidente, a déclaré à l'AFP Ira Joshi, porte-parole du ministère indien de l'Intérieur.
Le chef du gouvernement du Pendjab, Parkash Singh Badal, s'est rendu en personne à New Delhi mercredi pour demander l'intervention de la présidente Pratibha Patil dans cette affaire.
Des organisations sikhs, des hommes politiques et des groupes de défense des droits de l'homme avaient appelé à surseoir à l'exécution de Balwant Singh Rajoana, condamné à mort en 2007 pour son rôle dans le meurtre du chef du gouvernement du Pendjab de l'époque, tué dans un attentat suicide avec 15 autres personnes.
Aucune exécution n'a eu lieu en Inde depuis 2004.
Une grève déclenchée à l'appel de groupes sikhs et de partis de l'opposition a entraîné la fermeture de nombreux commerces et bureaux au Pendjab, tandis que des centaines de manifestants enturbannés se sont rassemblés au Temple d'or d'Amritsar, centre spirituel et culturel de la communauté sikh.
Des organisations de défense des droits de l'Homme, dont Human Rights Watch, ont demandé à ce que la condamnation à mort soit commuée en peine d'emprisonnement à vie, même si Rajoana a lui-même déclaré qu'il ne solliciterait aucune clémence.
En 1995, Rajoana avait endossé le rôle de tueur remplaçant en cas d'échec de l'attentat suicide.
Des groupes radicaux sikhs accusaient le chef du gouvernement du Pendjab de l'époque, Beant Singh, d'être responsable d'atrocités commises selon eux par les forces de l'ordre au cours d'une insurrection nationaliste sikh dans les années 1980.
Dans une lettre ouverte au Premier ministre indien, Manmohan Singh, l'ONG Amnesty International a jugé mardi qu'une exécution placerait l'Inde en opposition avec les tendances régionales et mondiales vers l'abolition de la peine de mort.
L'Inde a condamné à mort des centaines de personnes, notamment les meurtriers de l'ancien Premier ministre Rajiv Gandhi et le seul survivant du commando islamiste responsable des attentats de Bombay en 2009, le Pakistanais Mohammed Ajmal Amir Kasab.
Mais ces détenus attendent souvent des années dans le couloir de la mort en raison de la lenteur et de la complexité du système judiciaire. Dans la plupart des cas, la peine de mort est commuée en peine d'emprisonnement à vie.