PARIS (Reuters) - Les autorités françaises estiment que Zacarias Moussaoui, qui risque la peine de mort après son inculpation par un tribunal américain pour complicité dans les attentats du 11 septembre, ne doit pas être exécuté.
La ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, a assuré que ce ressortissant français d'origine marocaine bénéficierait de la protection consulaire française.
"(...) Bien évidemment, aucune personne bénéficiant de la protection consulaire française ne doit être exécutée", a-t-elle déclaré sur RMC-Info.
Zacarias Moussaoui est passible de la peine de mort aux Etats-Unis, alors que celle-ci a été abolie dans les pays de l'Union européenne.
"M. Moussaoui doit pouvoir bénéficier de tous les droits de la défense prévus par la législation américaine", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, qui a confirmé que Paris estimait qu'il ne devait pas être exécuté. "Cela découle de notre position générale sur la peine de mort", a-t-il dit.
Zacarias Moussaoui, Français d'origine marocaine de 33 ans, a été arrêté le 16 août dans le Minnesota pour infraction aux lois sur l'immigration après avoir attiré l'attentation des autorités en cherchant à s'initier au pilotage d'avions gros porteurs dans une école d'aviation.
Après le 11 septembre, il a été maintenu en détention comme témoin et envoyé à New York pour y être interrogé.
Mardi, l'attorney general (ministre américain de la Justice), John Ashcroft, a annoncé que le jeune homme avait été inculpé de "conspiration".
Les six chefs d'inculpation, dont quatre sont passibles de la peine de mort, ont été rendus publics trois mois jour pour jour après les attentats perpétrés à l'aide d'avions détournés contre le World Trade Center et le Pentagone.
Zacarias Moussaoui, qui sera jugé par un tribunal fédéral et non par un tribunal militaire du type de ceux que veut mettre en place George W. Bush pour les suspects du réseau Al Qaïda, sera présenté le 2 janvier devant un tribunal de Virginie.
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"Votre fils bénéficie de la protection consulaire"
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"Je rappelle que son arrestation avait été précédée d'une coopération étroite entre les Etats-Unis et la France dans le domaine de la police et du renseignement", a souligné le porte-parole du Quai d'Orsay.
Zacarias Moussaoui fait, en outre, l'objet en France depuis deux mois d'une information pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, une enquête confiée au juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière.
Dans une lettre adressée à sa mère rendue publique le mois dernier par Le Monde, il lui demandait de ne pas s'inquiéter. "Ils vont essayer de fabriquer des preuves et des témoins mais, moi, j'ai des vraies preuves et témoins et Allah, inch'Allah, ridiculisera leur complot", ajoutait-il.
Lors d'une brève conversation avec sa mère sur l'antenne de RMC-Info, Marylise Lebranchu lui a dit: "Votre fils, comme tous les ressortissants français sur un autre territoire que le nôtre, bénéficie de la protection consulaire, c'est-à-dire le droit à la défense, et ça c'est important que vous le sachiez, et puis il sera suivi pas à pas par le consulat qui sera affecté à ce dossier."
Dans un communiqué, Bruno Mégret, candidat MNR (extrême droite) à la présidentielle, a réclamé pour sa part que Zacarias Moussaoui soit "déchu immédiatement de sa nationalité française".