(AFP) BANJUL - L'opposition gambienne a vivement réagi à l'annonce par Amnesty International de l'exécution jeudi soir de neuf condamnés à mort en Gambie, réclamant des sanctions de la communauté internationale si cette information, que n'a pas confirmée Banjul, était avérée.
"Je ne serais pas surpris" de l'exécution des condamnés à mort "mais il est temps que la communauté internationale prenne des mesures" contre le président Yahya Jammeh, a déclaré samedi à l'AFP le principal opposant gambien, Ousainou Darboe. Il n'a pas confirmé ni infirmé l'annonce vendredi par Amnesty International de l'exécution de neuf condamnés à mort, jeudi soir en Gambie, où la dernière exécution remonterait à 2007.
"J'appelle la communauté internationale à interdire à Yahya Jammeh et ses ministres de voyager si (M. Jammeh) exécutait les condamnés à mort", a affirmé M. Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP) et candidat malheureux à la présidentielle de novembre remportée par le président Jammeh.
A Londres, le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Alistair Burt, s'est dit samedi "profondément inquiet des informations faisant état de l'exécution de neuf personnes. "J'appelle les autorités gambiennes à renoncer à toute exécution. Le gouvernement britannique s'oppose par principe à la peine de mort", a-t-il déclaré.
Amnesty avait annoncé vendredi dans un communiqué avoir "reçu des informations crédibles selon lesquelles neuf personnes ont été exécutées la nuit dernière (jeudi, ndlr) en Gambie".
D'après Amnesty, "neuf personnes, dont une femme, ont été extraites de leurs cellules de détention la nuit dernière et ont été exécutées", et deux d'entre elles "seraient des Sénégalais". L'organisation n'a pas précisé la nationalité des sept autres exécutés présumés.
Le pouvoir gambien maintenait toujours samedi le flou sur le sort de ces neufs personnes.
"Toutes les personnes dans le couloir de la mort ont été jugées par les tribunaux gambiens compétents, et par conséquent condamnées à mort", a affirmé la présidence vendredi soir sur la télévision nationale.
"Ces personnes ont épuisé toutes les voies légales de recours prévues par la loi. L'opinion publique est avertie: la paix et la stabilité de la Gambie par rapport à la protection de la vie, de la liberté et des biens des personnes doivent à tout prix être préservées et jalousement gardées", a-t-elle ajouté, sans démentir ni confirmer les informations données par Amnesty.
Aucune réaction officielle n'était samedi venue du Sénégal voisin.
Dans un message à la Nation le 20 août, le président Jammeh avait annoncé que tous les condamnés à mort en détention en Gambie seraient exécutés "vers mi-septembre", sans préciser de dates ni le nombre de condamnés concernés.
D'après un décompte de l'AFP, depuis juillet 2010, 47 personnes au total ont été condamnées à mort dans ce pays anglophone que dirige Yahya Jammeh d'une main de fer depuis 18 ans.
Ces exécutions présumées relancent la question de la violation des droits de l'homme par le régime gambien qui est notamment accusé d'entretenir un climat de terreur parmi les opposants et les journalistes, plusieurs hommes de médias ayant été tués, emprisonnés ou ayant disparu.
D'après Amnesty International, la dernière fois qu'un prisonnier condamné à mort a été officiellement exécuté en Gambie remontait à 1985, mais des sources du correspondant de l'AFP en Gambie ont fait état d'exécutions non officielles effectuées jusqu'en 2007.
En Gambie, les condamnés à mort sont généralement exécutés par pendaison.