30 août 2012 – La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exprimé jeudi sa consternation devant l'exécution récente de neuf personnes en Gambie qui, selon elle, constitue une grave rétrogression des droits de l'homme après un moratoire de 27 ans sur la peine de mort dans ce pays.
« Jusqu'à ce changement de cap soudain et déplorable, la Gambie avait, depuis près de trois décennies, été l'un des premiers pays à renoncer à la peine capitale », a déclaré Mme Pillay dans un communiqué de presse.
« La confusion et le manque de transparence qui persistent depuis plusieurs jours autour de ces exécutions, si elles ont véritablement eu lieu, et sur l'identité des condamnés, est inacceptable, particulièrement pour leurs familles. L'exécution au secret constitue un traitement inhumain », a-t-elle dénoncé.
La Haut Commissaire a souligné que des préoccupations sérieuses persistaient quant au procès des personnes condamnées. Elle a averti que le droit international, en particulier la Pacte international sur les droits civiques et politiques, qui la Gambie a ratifié, oblige à des standards rigoureux dans les procédures pénales qui peuvent aboutir sur des condamnations à mort.
« La déclaration du Président Yahya Jammeh affirmant que tous les condamnés à mort seraient exécutés avant la fin du mois de septembre est extrêmement préoccupante et soulève des interrogations sur la motivation d'une telle précipitation. Le communiqué du Ministère de l'intérieur qui tente de justifier le changement de politique est profondément erroné », a souligné Mme Pillay.
« J'appelle le Président et les autorités gambiennes à suivre l'ensemble des exhortations internationales, régionales et locales à ne pas procéder à davantage d'exécutions », a-t-elle ajouté en rappelant que la Gambie avait confirmé en 2010 le maintien du moratoire sur la peine de mort dans son rapport périodique au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.