Islamabad (Agence Fides) – La mobilisation internationale pour le salut d'Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème, donne ses premiers résultats: grâce à l'engagement d'associations chrétiennes, de groupes qui luttent pour les droits de l'hommes, de simples citoyens, les bureaux gouvernementaux du Pakistan ont été inondés en quelques jours par quelques 40.000 messages courriels réclamant la libération de la personne en question.
L'Eglise au Pakistan et les communautés chrétiennes au niveau international ont relancé la pétition en vue de l'abolition de la loi sur le blasphème, lancée voici un an : grâce à une initiative de la "Commission Justice et Paix" des Evêques pakistanais, partagée par de nombreuses autres associations, ont été recueillies au Pakistan plus de 75.000 signatures afin de demander au gouvernement l'abrogation de la norme. L'initiative a dépassé les frontières nationales et a été reprise par l'œuvre "Aide à l'Eglise en Détresse". En France, le Secrétaire de l'œuvre a recueilli et remit récemment au gouvernement français plus de 10.600 signatures alors que le Secrétariat italien de l'AED a récolté en quelques semaines 1.400 adhésions et s'apprête à relancer la pétition à l'occasion de la présentation du Rapport 2010 sur la Liberté de religion qui se tiendra à Rome le 24 novembre. La mesure continue à susciter un vif débat au sein de la société pakistanaise. L'Eglise, la "Commission nationale pour les Droits de l'Homme" et d'autres groupes de la société civile, même musulmans, contestent ouvertement la loi et en réclament l'abolition. Aujourd'hui, ils demandent au gouvernement d'ouvrir une négociation officielle au Parlement en vue de son réexamen. Le Ministre fédéral chargé des Minorités religieuses, Shahbaz Batti, en promeut la "révision". La Conférence des "Jamiat Ulema" du Pakistan (JUP) représentant plus de 30 partis religieux la considère en revanche comme "intouchable" et menace d'organiser de dures protestations dans le cas contraire. Des sources locales de Fides notent que, dans les milieux islamiques fondamentalistes, "est en cours une tentative visant à définir "blasphème" quiconque voudrait abolir la loi sur le blasphème. Ceci pourrait fomenter ultérieurement la haine religieuse dans la société". La "Loi sur le blasphème" comprend les articles 295b, 295c, 298a, 298b et 298c du Code Pénal pakistanais et prévoit la prison ou même la peine capitale pour ceux qui insultent ou désacralisent le nom du Prophète Mahomet et du Coran.