ASIE/INDONESIE - "Les trois catholiques suppliciés 'en hâte et dans la fureur', tandis que 86 condamnés à mort en Indonésie sont en attente d'exécution" : ainsi parle à l'Agence Fides le P. Ismartono, coordinateur des affaires interreligieuses de la Conférence Episcopale
Jakarta (Agence Fides) - "Nous sommes très tristes. L'espoir de sauver les trois catholiques de l'exécution est réduit à une peau de chagrin. Il semble que les extrémistes l'ont emporté", dit à l'Agence Fides le P. Jésuiste Ignace Ismartono, Coordinateur des affaires humanitaires et interreligieuses de la Conférence Episcopale Indonésienne, commentant l'imminente exécution (à l'aube du 22 septembre, le soir du 21 pour l'heure italienne) de Fabianus Tibo, Domingus Da Dilva, Marinus Riwu, trois catholiques indonésiens condamnés à mort à la suite des affrontements interreligieux de Poso, sur l'île de Sulawesi.
"Il y a en Indonésie 86 condamnés à mort par une sentence définitive, qui depuis des années attendent leur exécution - note à Fides le Jésuite - mais la peine de mort n'est pas exécutée. Maintenant les trois catholiques - pour lesquels on demande une révision du procès, et pour lesquels une demande de grâce au Président de la République a encore été avancée - sont suppliciés en hâte et dans la fureur. Le problème a surgi quand le problème, du plan strictement juridico-légal, s'est déplacé au plan religieux". Il semble donc que les institutions aient cédé aux pressions des fondamentalistes.
Le P. Ismartono ajoute à Fides : "L'Eglise indonésienne, la Conférence Episcopale, la Commission 'Justice et paix' ont fait tout leur possible. Nous avons écrit, organisé des manifestations, impliqué la société civile et les groupes pour les droits de l'homme, sensibilisé les médias, prié. Maintenant tout semble perdu. Ce soir à Djakarta, comme dans de nombreuses parties de l'Indonésie, il y aura une veillée de prières de tous les groupes contre la peine de mort devant le siège de la Commission pour les Droits de l'homme. Des manifestations sont prévues aussi à Palu (Sulawesi), où sont postés plus de 4.000 policiers. On craint fortement qu'après l'exécution des affrontements et des désordres éclatent. Nous avons demandé aux chrétiens locaux de ne pas avoir de réactions violentes et de maintenir le calme. Mais dans la population il y a un vif sentiment de subir une injustice, et la tension est très élevée".