JUBA — Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi le Soudan du Sud à décréter un moratoire sur les exécutions, en raison du "risque d'arbitraire et d'erreur judiciaire" posé par les carences du système judiciaire du tout jeune Etat, indépendant depuis 2011.
"Le Soudan du Sud continue d'utiliser la peine de mort en dépit des faiblesses largement documentées de son système judiciaire, qui ne permettent pas d'assurer les droits légaux élémentaires des accusés", expliquent Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW) et des ONG locales dans un texte commun.
Au Soudan du Sud, "les protections légales les plus élémentaires n'étant pas garanties, le risque d'arbitraire et d'erreurs est trop important" pour continuer à appliquer la peine capitale, souligne dans ce texte Dong Samuel du Barreau de ce pays.
Selon Audrey Gaughran, directrice pour l'Afrique d'Amnesty International, "le président (sud-soudanais) Salva Kiir (...) devrait déclarer immédiatement un moratoire officiel sur les exécutions et le gouvernement devrait s'attaquer de façon urgente aux défauts du système judiciaire du pays".
Les signataires du texte estiment que la "vaste majorité" des quelque 200 détenus sud-soudanais condamnés à la peine capitale attendant leur exécution "enchaînés dans des cellules exiguës et sales". Ils n'ont jamais eu accès à un avocat, "les empêchant de préparer correctement leur défense ou de faire appel de leur condamnation".
Plusieurs détenus du "couloir de la mort" de Juba, interrogés récemment par des journalistes de l'AFP, ont confirmé n'avoir jamais vu d'avocat.
Ces organisations non gouvernementales s'inquiètent également du peu d'informations disponibles sur les condamnés à mort, leur procès et leurs exécutions.
Le 28 août, deux hommes ont été pendus à la prison de Juba, mais l'AFP n'a pu obtenir aucune information sur d'autres éventuelles exécutions. Selon Amnesty, au moins cinq personnes ont été exécutées en 2011 au Soudan du Sud.
"La peine de mort restera un affront aux droits humains élémentaires jusqu'à un moratoire effectif et, finalement, son abolition par une loi", estime dans ce texte Daniel Bekele, directeur Afrique d'HRW.