(Agence France-Presse) - ISTANBUL
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche qu'Ankara allait réfléchir à la possibilité de rétablir la peine de mort pour les crimes relevant du terrorisme, une décennie après son abolition.
«Le pouvoir (de pardonner un meurtrier, ndlr) appartient à la famille de la victime, pas à nous. Nous devons faire les ajustements nécessaires», a déclaré M. Erdogan, cité par l'agence de presse Anatolie.
«La peine de mort existe aux États-Unis, en Russie, en Chine, au Japon (...) Donc nous devons réévaluer notre position», a-t-il ajouté.
M. Erdogan a soulevé la question d'un possible retour de la peine capitale la semaine dernière en évoquant le soutien populaire d'une telle mesure au regard du cas du chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan.
«Aujourd'hui, de nombreuses personnes sont favorables à un rétablissement de la peine de mort, selon les sondages, parce que les parents des morts souffrent pendant que d'autres font la fête en mangeant des kebabs», a-t-il déclaré, en référence au leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et à ses partisans.
Sa suggestion d'inscrire ce sujet à l'agenda du parlement intervient en pleine grève de la faim de quelque 700 détenus kurdes dans les prisons turques. Ils réclament une amélioration des conditions d'incarcération d'Abdullah Öcalan, placé à l'isolement depuis un an et demi.
Abdullah Öcalan a été arrêté et condamné à mort pour trahison en 1999, une peine commuée en réclusion à perpétuité en octobre 2002 après l'abolition de la peine de mort par la Turquie, sous la pression de l'Union européenne, dont Ankara souhaite devenir membre.
Samedi, plusieurs députés du Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP) ont rejoint le mouvement des prisonniers kurdes lancé le 12 septembre et que M. Erdogan a qualifié de «show», de «chantage» et de «bluff».
Les grévistes de la faim exigent que les avocats d'Öcalan puissent à nouveau lui rendre visite sur l'île d'Imali, au sud d'Istanbul, où il est détenu, ainsi que la levée des restrictions à l'usage de la langue kurde.
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, par l'Union européenne et par les États-Unis.
Environ 45 000 personnes ont trouvé la mort depuis que le PKK a pris les armes en 1984 pour l'autonomie du sud-est de la Turquie, où les Kurdes sont majoritaires.