LUSAKA (AFP) - 18/12/2003 16h08 - La Cour suprême de Zambie a confirmé jeudi la peine de mort pour 44 des 54 militaires condamnés il y a quatre ans pour une tentative de coup d'Etat avortée en octobre 1997 contre le président Frederick Chiluba, qui a quitté le pouvoir en 2001.
Le sort de ces 44 hommes reconnus coupables de trahison, essentiellement des sous-officiers de moins de 30 ans, est désormais entre les mains du chef de l'Etat, Levy Mwanawasa, qui a la possibilité d'user de son droit de grâce.
En Zambie, les exécutions ont lieu par pendaison.
"Les peines (de condamnation à mort) prononcées contre vous sont confirmées", a déclaré le président de la Cour suprême Ernest Sakala, après avoir lu, pendant près de quatre heures, le jugement dans son intégralité. La Cour a par contre annulé jeudi la peine de mort prononcée contre 10 autres militaires.
Immédiatement, des dizaines de proches des militaires qui étaient présents sur les bancs du public ont éclaté en sanglots avant d'être évacués par la police, a constaté l'AFP.
Les 54 soldats, habillés avec élégance, sont restés calmes et impassibles à l'annonce de la décision.
La confirmation de ces condamnations à mort intervient le jour même où débutait à Lusaka un des procès de Frederick Chiluba pour le détournement de millions de dollars de fonds publics pendant ses années de présidence (1991-2001).
L'ancien président, âgé de 61 ans, est poursuivi dans une autre affaire de détournements de fonds publics. Ce procès, qui a débuté début décembre, soit reprendre mi-février.
Après leur condamnation en première instance par la Haute Cour de justice, les militaires avaient fait appel, affirmant avoir été impliqués dans ce coup d'Etat involontairement.
Lors de l'audience d'appel, l'organisateur de l'opération, le capitaine Steven Lungu, alias capitaine Solo, avait, dans une spectaculaire confession, affirmé être l'un des deux seuls instigateurs avec le capitaine Jack Chiti.
"Le coup a été organisé par moi et mon ami", avait-il déclaré dans une lettre au président du tribunal. "Les autres soldats sont innocents", avait-il ajouté.
Steven Lungu avait justifié cette tentative de coup d'Etat contre le régime du président de l'époque, Frederick Chiluba, par la corruption qui régnait alors, selon lui, à la tête de l'Etat.
"C'était la seule option que j'avais pour sauver le pays de l'effondrement total", avait-il expliqué alors.
"Les preuves contre ces deux accusés sont écrasantes. Nous confirmons donc leur condamnation", a déclaré jeudi le président de la Cour suprême à propos de Lungu et Chiti.
La Cour suprême a aussi confirmé les condamnations à mort contre une quarantaine d'autres accusés parce qu'ils ne sont pas parvenus a prouver qu'ils avaient été forcés à participer à la tentative de coup d'Etat, a précisé le juge.
"De par leur conduite ce jour-là, il apparaît clairement qu'ils se sont joints à l'action illégale visant à renverser le gouvernement", a-t-il dit.
Le capitaine Solo avait estimé qu'après les révélations du nouveau président zambien Levy Mwanawasa sur la corruption généralisée pendant les 10 années de pouvoir de Frederick Chiluba (1991-2001), il devrait lui-même être innocenté et remis en liberté.
Le prédécesseur de Chiluba, le premier président de la Zambie indépendante Kenneth Kaunda avait été arrêté dans l'enquête sur la tentative de coup d'Etat de 1997, avant d'être remis en liberté sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.