Deux manifestants ont été tués samedi au Caire dans de nouvelles violences après un verdict dans le procès de la tragédie du football il y a une année à Port-Saïd. Des heurts se sont également produits dans cette ville du nord-est. Ils ont alourdi un climat déjà tendu dans le pays.
Un tribunal de Port-Saïd a confirmé 21 condamnations à mort prononcées en janvier. Il a également annoncé 24 condamnations à des peines de prison, dont cinq à perpétuité, ainsi que 28 acquittements.
Le 1er février 2012, après une victoire du club Al-Masry de Port-Saïd sur Al-Ahly, célèbre club de la capitale égyptienne, des centaines de supporteurs locaux avaient attaqué la tribune d'Al-Ahly. Les violences avaient fait 74 morts, en majorité des supporteurs cairotes, le bilan le plus lourd de l'histoire du football égyptien.
Après avoir pris connaissance du verdict samedi, des supporteurs d'Al-Ahly ont incendié au Caire un club de la police et le siège de la Fédération égyptienne de football. Ils ont dénoncé des peines trop clémentes et l'acquittement de plusieurs policiers.
"Au début, on était content quand on a entendu les 21 condamnations à mort. On fêtait ça et on n'a pas entendu le reste du verdict", concernant les condamnations moins sévères et les acquittements, a déclaré un "Ultra", le surnom des supporteurs d'Al-Ahly.
"Ensuite, on est devenu très en colère", a-t-il ajouté. Les "Ultras" d'Al-Ahly sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populaire qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak début 2011.
Près de la place Tahrir, des heurts, sporadiques depuis de semaines, ont repris entre la police et des manifestants. Les affrontements ont fait deux morts parmi les protestataires, selon le ministère de la Santé.
A Port-Saïd, sur le canal de Suez, des centaines de manifestants ont bloqué le trafic des ferries qui permettent de traverser le canal. Ils ont dénoncé la confirmation des peines capitales, prononcées principalement contre des supporteurs d'Al-Masry.
Les manifestants ont brûlé des pneus, déployé une banderole réclamant "l'indépendance pour Port-Saïd" et scandé "invalides, invalides!" pour qualifier les décisions du tribunal. L'organisme qui gère le canal a toutefois fait savoir que le transit des cargos n'était pas affecté sur cet axe vital.
Dans le Sinaï, une région qui jouxte le canal, la police a été mise en alerte renforcée par crainte d'attaques contre des commissariats.