WASHINGTON - Les avocats d'un Noir, dont l'exécution avait été arrêtée à la dernière minute en 2011, ont imploré la justice du Texas (sud) mercredi d'annuler sa peine de mort, qui est selon eux le résultat anticonstitutionnel de discriminations raciales.
Duane Buck, 49 ans, avait été condamné à mort pour le meurtre en 1995 de son ex-petite amie et d'un ami de celle-ci. Lors du procès, deux ans plus tard, un psychologue, interrogé par l'accusation, avait déclaré que les Noirs avaient davantage de risques d'être récidivistes.
A quelques heures de son exécution, le 15 septembre 2011, la Cour suprême des Etats-Unis avait accordé son sursis, les juges Sonia Sotomayor et Elena Kagan estimant que la condamnation de Duane Buck devait être réexaminée car notre système judiciaire ne doit pas tolérer (qu'une peine) soit entachée de considérations raciales.
Dans un recours déposé mercredi devant un tribunal du Texas, dont l'AFP a obtenu une copie, ses avocates Kate Black et Christina Swarns demandent que la condamnation à mort soit annulée et réclament une nouvelle audience, invoquant en particulier la longue histoire raciste du comté de Harris au Texas, où Duane Buck a été condamné.
Elles joignent à leur recours l'étude d'un expert criminologue qui conclut que de 1992 à 1999 --la période durant laquelle Duane Buck a été condamné-- les procureurs de ce comté avaient trois fois plus de chance de réclamer une condamnation à mort pour un accusé noir que pour un accusé blanc, et que les jurés de ce comté avaient deux fois plus de chance de choisir la peine capitale pour un Noir.
Cette étude du Pr Ray Paternoster, dont l'AFP a eu une copie, conclut qu'il y a des raisons de croire que la +race+ de Duane Buck a joué un rôle dans la décision de demander et d'imposer la peine de mort.
Cette affaire est très simple: aucune peine de mort ne peut s'appuyer sur un préjugé racial, a déclaré Me Kate Black.
Le Texas doit honorer sa promesse faite par le ministre de la Justice de l'Etat d'alors, John Cornyn, et accorder à M. Buck une nouvelle audience, juste, qui ne soit pas entachée de discriminations raciales, a ajouté, dans le même communiqué, le sénateur texan Rodney Ellis.
John Cornyn avait admis en 2000 l'introduction déplacée de (questions) raciales lors de l'audience de condamnation de M. Buck, en l'occurrence le témoignage du psychologue sur lequel le procureur s'était appuyé pour démontrer le danger que Duane Buck représenterait s'il restait en vie.
M. Cornyn avait demandé une nouvelle audience pour sept cas entachés de racisme, dont celui de Duane Buck qui est le seul à ne pas l'avoir obtenue, selon ses avocats.
Un des procureurs au procès, Linda Geffin, et la soeur du condamné, Phyllis Taylor, qui avait survécu à la fusillade pour laquelle M. Buck a été jugé, s'étaient opposés à l'exécution.
Le 18 février dernier, le procureur du comté de Harris a accepté de ne pas fixer de nouvelle date d'exécution en attendant que ce recours de la défense soit examiné.