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Un Noir exécuté au Texas, en présence de ses "parents" français

dépêche de presse du 10 avril 2013 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
Rickey Lynn Lewis
Un Noir américain a été exécuté mardi soir au Texas pour un meurtre qu'il nie avoir commis il y a 23 ans. Un couple de Français qu'il appelait "mom and dad" l'ont accompagné jusqu'au bout.

Rickey Lewis, 50 ans dont 19 dans le couloir de la mort du Texas, a été déclaré mort par injection létale à 18h32 locales (23h32 GMT), selon les autorités pénitentiaires de cet Etat du sud.

Un couple de septuagénaires montpelliérains, Danièle et René Sirven, militants contre la peine de mort, s'était déplacé à la prison de Huntsville pour l'exécution. "On lui avait promis d'être là jusqu'au bout", a déclaré Danièle Sirven.

Le couple échangeait depuis dix ans des courriers et des dessins avec le condamné, auquel ils avaient rendu visite à plusieurs reprises.

Dans ses dernières paroles "vibrantes", le condamné les a encore appelés "momma and daddy", comme il le faisait à l'occasion de leurs visites. "Il s'était accroché à ce lien quasi-parental spirituel qui nous reliait, une manière de s'approcher du grand passage", a ajouté le père et grand-père 15 fois.

A travers "une sorte de code" établi entre eux avant l'exécution, le couple lui a fait des "signes pour lui dire de monter dans les hauteurs", peu avant l'injection du produit mortel, a confié Danièle Sirven, membre de l'Association Lutte pour la justice-Languedoc-Roussillon. "Il est parti dans la grandeur", a-t-elle relaté, "bouleversée".

"Je ne suis pas un meurtrier", a proclamé le condamné, couché les bras en croix et solidement sanglé avec des lanières. "Laissez sortir la vérité pour que je ne sois pas mort en vain", a-t-il dit, selon les autorités de la prison.

Rickey Lewis avait été condamné à mort en 1994 pour le meurtre quatre ans plus tôt de George Newman, 45 ans, lors d'un cambriolage à Tyler, suivi du viol de la compagne de la victime.

Il a admis le viol, dans sa dernière déclaration. "Ms Connie Hilton, si je ne vous avais pas violée, vous n'auriez pas survécu", a-t-il dit, précisant qu'il y avait "encore deux personnes en vie".

Dans leur blog, le couple Sirven a dénoncé les "incohérences, les injustices et les zones d'ombre de la procédure". D'après l'angle de tir de la ballistique, "le meurtrier devait mesurer au moins 1,78 m". Or, "Rickey-Lynn mesure seulement 1,60 m", y écrivent-ils.

"Il était sur les lieux mais il ne peut pas avoir tiré", a complété René Sirven, par téléphone. "Rickey était d'une famille très connue des services de police à Tyler, une famille très marginale", "un enfant des rues, complètement analphabète", a-t-il dit, ajoutant que le condamné lui avait encore confié le matin de son exécution qu'il "suivait les autres comme un petit chien". "Il n'y a jamais eu d'enquête approfondie".

Rickey Lewis avait argué d'une défense déficiente mais la peine de mort avait été confirmée en 1997. Son exécution, initialement programmée en 2003, avait été retardée au fur et à mesure des appels.

Son nouvel avocat, recruté par le couple français, avait ensuite plaidé le retard mental jusque devant la Cour suprême qui a interdit l'exécution des condamnés souffrant de troubles mentaux. Mais la plus haute juridiction du pays a rejeté son ultime appel le 1er avril.

Danièle Sirven a parlé de cette exécution comme d'un "homicide légal", d'une "machine bien huilée", "l'étrangeté et la douleur absolue".

Sur un des dessins qu'il avait donné au couple, Rickey Lewis avait représenté la justice texane avec une balance qui "pèse bien le pétrole et l'argent, mais exécute les faibles, les Noirs, les Hispaniques et les Indiens."
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