7 octobre 2013 – Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture a appelé lundi les États-Unis à mettre fin à l'isolement d'Albert Woodfox, qui dure depuis 1972.
« Le maintien en isolement d'Albert Woodfox depuis plus de quatre décennies équivaut de manière flagrante à un acte de torture, auquel il devrait être mis fin immédiatement », a indiqué Juan E. Méndez, qui a, par le passé, demandé à plusieurs reprises au gouvernement américain d'abolir le placement prolongé ou indéfini en cellule d'isolement.
Dans un communiqué de presse rendu public aujourd'hui, l'expert indépendant de l'ONU exprime sa profonde préoccupation devant la détérioration de l'état physique et mental de M. Woodfox, condamné pour un meurtre avec Herman Wallace.
Ce dernier a été libéré la semaine dernière, après que son inculpation a été infirmée en appel. Le jour suivant sa libération, le 2 octobre, M. Wallace a succombé à un cancer, après avoir passé 41 ans en isolement.
« Il s'agit d'une affaire bien triste et ce n'est pas fini », a souligné M. Méndez. « Alors qu'un appel est examiné au niveau fédéral, le coaccusé, M. Woodfox, reste placé en isolement dans une cellule de neuf mètres carrés jusqu'à 23 heures par jour, avec simplement une heure d'exercice ou de détente solitaire. »
« Les conditions d'incarcération des 'Trois d'Angola' montrent clairement que le recours à l'isolement dans les centre de détention aux États-Unis vont largement au-delà de ce qui est acceptable au regard du droit humanitaire international », dénonce le Rapporteur spécial.
S'il salue le jugement fédéral du 1er octobre, M. Méndez note que le recours à l'isolement reste une pratique répandue dans l'ensemble des prisons du pays.
« Les détenus en isolement devraient toujours être en mesure de contester les raisons et la durée de telles conditions d'incarcération et bénéficier d'une assistance juridique et médicale. »
Il a exhorté le gouvernement américain à adopter des mesures concrètes en vue de mettre fin à l'isolement prolongé ou indéfini en toutes circonstances.
« Je lance un appel à l'interdiction totale et définitive de l'isolement pour les jeunes, les personnes souffrants de troubles psychosociaux ou de tout autre handicap ou problème de santé, les femmes enceintes, les femmes avec enfants et mères allaitantes, ainsi que pour ceux qui sont emprisonnés à vie ou condamnés à mort », a ajouté l'expert.
M. Méndez a demandé, de manière répétée, à être invité à effectuer une visite officielle aux Etats-Unis en sa qualité de Rapporteur spécial sur la torture, notamment dans des prisons californiennes. Jusqu'à présent, ses requêtes sont restées lettre morte.
« Il est grand temps de saisir l'opportunité pour évaluer in situ les conditions de détention dans les centres pénitentiaires américains », réitère M. Méndez