GENEVE - Des diplomates et des activistes ont regretté lundi à Genève les violations répétées des droits de l'homme en Arabie Saoudite, notamment la discrimination contre les femmes et les travailleurs étrangers, ainsi que la peine de mort toujours en vigueur.
Ces critiques ont été énoncées lors de l'examen périodique de la situation des droits de l'homme en Arabie Saoudite devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Elles sont intervenues quelques jours après que l'Arabie Saoudite eut refusé un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, car l'organisation a échoué, selon Ryad, à prendre ses responsabilités vis à vis du monde arabe.
Les diplomates réunis à Genève ont notamment dénoncé le fait que les femmes aient toujours besoin de demander la permission des hommes pour des actes dès plus simples, comme quand elles veulent sortir du pays, et ont critiqué l'interdiction aux femmes de pouvoir conduire.
L'Arabie Saoudite devrait mettre un terme à un système de gardiennage masculin pour les femmes adultes, a déclaré le représentant de la Suisse, reprenant une recommandation émise par nombre des 104 pays qui ont pris part à cet examen périodique devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Bandar bin Mohammad al-Aiban, qui dirige la Commission des droits de l'homme de l'Arabie Saoudite, ainsi que la délégation de son pays à Genève, a souligné pour sa part tous les progrès que Riyad avait accomplis depuis le premier examen périodique de son pays en 2009.
Le pays, a-t-il souligné, a accordé aux femmes un quota minimum de 20% des sièges du Conseil de la Shura, un organe consultatif qui peut proposer des changements de la loi au roi
Des progrès tangibles sont réalisés chaque jour, a-t-il insisté. Des femmes entièrement voilées faisaient partie de sa délégation à Genève, et certaines d'entre elles ont pris la parole.
De son côté, Joe Stork, vice-directeur pour le Moyen-Orient de l'organisation Human Rights Watch, a exprimé son désaccord.
Beaucoup de pays ont des pratiques problématiques des droits de l'homme, mais l'Arabie Saoudite se distingue par son haut niveau de répression et son échec à mettre en oeuvre ses promesses faites au Conseil des droits de l'homme, a-t-il déclaré
Les précédentes promesses de l'Arabie Saoudite devant le Conseil n'ont rien donné, a relevé pour sa part Philip Luther, d'Amnesty International, dénonçant une hausse des arrestations arbitraires d'activistes.
Certains diplomates ont cependant relevé quelques progrès, comme l'adhésion de l'Arabie Saoudite à quelques conventions internationales sur les droits humains, ainsi que le début d'une lutte contre la corruption.
Ces diplomates ont encore déploré le maintien de la peine de mort, y compris contre des criminels mineurs.
Le pays doit cesser d'exécuter des enfants criminels, a déclaré le représentant norvégien, alors que d'autres diplomates ont demandé un moratoire sur les exécutions, en vue d'une abolition à terme de la peine de mort.
Le royaume a procédé à 69 exécutions capitales depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP.
Les diplomates ont aussi demandé à l'Arabie Saoudite de protéger davantage les droits des travailleurs migrants, qui sont confrontés à un système qui les empêche de changer d'employeur sans autorisation et se retrouvent ainsi en position vulnérable.
Le rapport qui a été discuté lundi sera publié mercredi et soumis à adoption vendredi.
L'Arabie Saoudite va demander dans 3 semaines un siège au Conseil des droits de l'homme qui compte 47 membres, soumis à rotation.
Le niveau de répression de l'Arabie Saoudite et son incapacité à tenir ses promesses d'améliorer la situation des droits de homme soulèvent de sérieuses questions quant à sa capacité à devenir membre du Conseil, a averti Joe Stork.