Amnesty International, opposée à la peine de mort, a dénoncé mardi dans un rapport la façon dont elle est appliquée au Nigeria comme discriminatoire pour les femmes.
"Amnesty International considère que la peine de mort, de la façon dont elle est appliquée au Nigeria en particulier, viole les droits des femmes à la justice, tels que définis par les lois et les principes internationaux des droits de l'Homme, et a un effet discriminatoire sur les femmes dans certains cas et pour certains crimes", écrit l'organisation dans un rapport.
Amnesty invite le groupe d'études sur la peine de mort, mis en place au Nigeria après l'ouverture d'un débat parlementaire en novembre 2003, à recommander l'abolition de la peine capitale.
L'organisation de défense des droits de l'Homme relève que "les tribunaux nigérians ont prononcé au moins 33 condamnations à mort depuis 1999". Une femme a été condamnée à mort pour homicide apparemment après avoir eu un enfant mort-né, ce qui a été qualifié d'avortement illégal, affirme Amnesty.
En juillet 2003, 487 personnes, dont onze femmes, attendaient leur exécution au Nigeria, d'après Amnesty.
Le rapport examine trois codes en vigueur au Nigeria: le code pénal appliqué dans les Etats fédérés du nord du pays, le code criminel en vigueur dans les Etats du sud, et la charia (loi islamique) en vigueur depuis 1999 dans douze Etats du nord.
Les deux premiers codes prévoient la peine de mort notamment pour homicide. Là où le code pénal est en vigueur, ce texte est fréquemment utilisé dans les affaires d'avortement et frappe les femmes de façon disproportionnée, écrit Amnesty.
Sous le code criminel et le code pénal, des femmes condamnées sont détenues en attendant leur exécution dans des conditions inhumaines, affirme le rapport. D'autres, accusées de crimes passibles de la peine de mort, attendent leur procès en détention pendant des périodes qui peuvent aller jusqu'à dix ans.
La charia, qui ne s'applique qu'aux musulmans, prévoit la peine de mort pour des relations sexuelles illicites pour les personnes mariées. Amnesty International note que personne jusqu'à présent n'a été exécuté au Nigeria pour son comportement sexuel en application de cette loi. Mais l'organisation s'oppose à "la criminalisation des relations sexuelles consentantes entre personnes qui ont l'âge de consentir".