(Agence France-Presse) KABOUL, Afghanistan - Le gouvernement afghan étudie la possibilité de rétablir la peine de mort par lapidation en cas d'adultère, ce qui marquerait un retour aux châtiments infligés sous le régime des talibans, a dénoncé lundi l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch.
Le rétablissement de la lapidation est prévu dans un projet d'amendement au code pénal afghan rédigé par un groupe de travail du ministère de la Justice, affirme l'organisation dans un communiqué.
Selon ce projet d'amendement, que l'organisation dit avoir consulté, les hommes ou femmes mariés qui commettraient un adultère pourraient être «condamnés à mort par lapidation», tandis qu'une personne célibataire ayant une relation avec une autre mariée recevrait «cent coups de fouet». Les condamnations seraient exécutées en public.
Un responsable du ministre de la Justice afghan, Ashraf Azimi, a confirmé à l'AFP que la lapidation faisait partie d'un texte à l'étude.
«Le ministère, ainsi que d'autres institutions judiciaires afghanes, travaillent sur une loi pour sanctionner l'adultère, le vol et la consommation d'alcool, en accord avec la charia, la loi islamique», a-t-il dit.
«Il est choquant de constater que l'administration (du président Hamid) Karzaï puisse envisager de rétablir la lapidation douze ans après la chute des talibans», a déclaré Brad Adams, responsable de l'Asie pour Human Rights Watch (HRW), appelant le président afghan à «rejeter cette proposition».
«La peine de mort par lapidation constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme», insiste l'organisation.
HRW souligne que les 16 milliards de dollars d'aide promis par les bailleurs de fonds internationaux de l'Afghanistan lors de la conférence de Tokyo en 2012 sont liés à des progrès en matière de droits de l'homme.
Les donateurs «doivent envoyer le message clair qu'un rétablissement de la lapidation dans le Code pénal (...) aurait un impact immédiat sur l'aide octroyée au gouvernement» afghan, insiste l'organisation.
En Afghanistan, pays très conservateur en matière de moeurs, la plupart des mariages sont arrangés et les relations extra-conjugales ou avant le mariage peuvent être source de conflits majeurs entre familles, qui dégénèrent parfois en bain de sang.
En juillet 2012, les images de l'exécution par balle d'une femme accusée d'adultère, dans la province de Parwan (centre), avaient suscité une vive émotion dans le monde entier.