DACCA - La Cour Suprême du Bangladesh a décidé mardi de surseoir à l'exécution d'un dirigeant islamiste condamné à mort pour des crimes de guerre commis pendant la guerre d'indépendance, une heure et demie seulement avant l'heure prévue de sa pendaison.
La Cour a sursis à l'exécution jusqu'à 10H30 demain (mercredi), a déclaré à l'AFP Me Shishir Munir, avocat du condamné, Abdul Quader Molla.
Un tribunal avait ordonné dimanche l'exécution de cet homme, dirigeant du parti Jamaat-e-Islami au cours du conflit armé de 1971 contre le Pakistan (dont le futur Bangladesh faisait partie) et l'avait fait incarcérer dans la principale prison de la capitale Dacca.
Abdul Quader Molla, un ancien journaliste âgé de 65 ans, est accusé de meurtres de masse, en particulier d'avoir provoqué la mort de 350 civils bengalis. Les procureurs l'ont qualifié de boucher de Mirpur, banlieue de Dacca où ont été commises ces atrocités.
Le Tribunal international des crimes (ICT), baptisé ainsi en dépit de l'absence de toute supervision de son fonctionnement par les institutions internationales et très controversé, l'a condamné à la perpétuité en février.
Des dizaines de milliers de personnes avaient alors protesté contre cette sentence, estimant que la justice avait été trop clémente. Sous la pression, le gouvernement a rétroactivement amendé la loi pour lui permettre de faire appel de la décision et obtenir une condamnation à mort.
La Cour suprême a ordonné en septembre cette condamnation à la peine capitale.
Au moment de l'intervention de l'Inde à la fin du conflit de 1971, signifiant la défaite imminente du Pakistan, les milices favorables à Islamabad ont massacré des dizaines d'enseignants, de réalisateurs de cinéma, de médecins et de journalistes.
L'ICT a été mis en place en mars 2010 par le gouvernement qui affirme que ces procès sont nécessaires pour cicatriser les plaies encore vivaces de la guerre d'indépendance.
Mais le Jamaat-e-Islami accuse le pouvoir d'avoir créé ce Tribunal international des crimes avec des arrière-pensées politiques, à l'approche des législatives du 5 janvier, la plupart des personnes poursuivies appartenant à l'opposition.