L'année 2013 a été pour la peine de mort aux Etats-Unis une année de net déclin, marquée par des exécutions et des condamnations à la peine capitale à des niveaux parmi les plus bas depuis des décennies.
Selon le rapport annuel du Centre d'Information sur la Peine de Mort (DPIC), publié jeudi, 39 condamnés à mort ont été exécutés en 2013 aux Etats-Unis, contre 43 en 2012. Depuis 1999 --année record, avec 98 exécutions-- ce chiffre a décru de 60%.
C'est seulement la deuxième fois en 19 ans qu'il passe sous la barre des 40 (31 exécutions en 1994), ajoute ce centre d'experts en faveur de l'abolition de la peine de mort. 33 sursis à exécution ont par ailleurs été prononcés en 2013 aux Etats-Unis, une des dernières grandes démocraties à ne pas avoir aboli la peine capitale.
«Quel que soit le paramètre, la pratique de la peine de mort poursuit son déclin», affirme le rapport du DPIC. Ainsi, le nombre des nouvelles condamnations à mort s'élève à 80, un peu plus que l'an passé (77), mais un des chiffres les plus bas depuis 1973. Il baisse de 75% par rapport à 1994 et 1996, années record avec 315 condamnations prononcées.
Le nombre de détenus dans le couloir de la mort baisse lui aussi chaque année depuis 2001, avec 3108 au 1er avril 2013 contre 3170 l'année précédente et 3670 en 2000.
Les «révélations de nombreuses erreurs judiciaires sont une raison-clé du déclin de la peine de mort», affirme Richard Dieter, directeur exécutif de DPIC et auteur du rapport. «Les jurys ont moins tendance à la prononcer et les procureurs à la demander», dit-il.
Le manque d'approvisionnement en produit d'injection létal est aussi une des raisons du déclin, l'exportation de ces produits à fin d'exécution étant interdite en Europe, affirme le rapport.
De plus, «de plus en plus d'Etats s'interrogent sur le bien-fondé de cette pratique chère et inefficace», selon Richard Dieter.Six Etats américains ont abandonné cette pratique ces six dernières années (Maryland, Connecticut, Illinois, New York, New Jersey et Nouveau-Mexique). En 2013, le Maryland est devenu le 18e Etat abolitionniste, une tendance «qui se poursuit» avec des textes de loi à l'étude ailleurs, selon le DPIC.
Le soutien populaire à la peine de mort, toujours majoritaire, décline néanmoins lui aussi, rappelle l'étude citant un sondage Gallup selon lequel la peine de mort n'est plus soutenue que par 60% des Américains, son plus bas niveau depuis 40 ans.
L'idée de peines alternatives fait son chemin. Ainsi, un sondage effectué à Boston, théâtre le 15 avril d'un attentat qui avait fait trois morts à l'arrivée du marathon de la ville, montre qu'une «forte majorité» (57%) soutenait l'idée de la prison à vie pour le poseur de bombe présumé Dzhokhar Tsarnaev, contre 33% se prononçant pour la peine de mort. La «prison à vie est devenue une alternative et remplacera complètement la peine de mort à l'avenir», assure Richard Dieter.
Deux Etats, le Texas et la Floride, sont à eux deux responsables de 59% des exécutions, avec respectivement 16 et 7 exécutions. Mais même au Texas, le nombre des condamnations à mort a baissé de presque 80% depuis 1999. Les 39 exécutions de 2013 ont été enregistrées dans neuf Etats, la plupart au sud du pays. Mais des Etats qui en sont des supporters comme la Caroline du sud, la Virginie, le Tennessee et la Louisiane, n'en ont effectué aucune en 2013.
La peine de mort a été rétablie aux Etats-Unis en 1976 après un moratoire de quatre ans.