MANILLE - Léo Echegaray, le premier condamné à mort à être exécuté aux Philippines en 23 ans, a été conduit tôt vendredi matin sous bonne escorte dans la chambre d'exécution où il doit recevoir à 15H00 locales (07H00 GMT) une série de trois injections mortelles.
La tête baissée, un rosaire au cou et serrant une bible, le condamné encerclé de gardiens s'est frayé un passage peu avant 06H00 (jeudi 22H00 GMT) vers un fourgon de couleur blanche au milieu d'une foule de plusieurs centaines de journalistes.
Le décorateur âgé de 38 ans, reconnu coupable du viol répété en 1994 de sa fille alors âgée de 11 ans, avait les traits tirés par manque de sommeil et a refusé de répondre aux questions que lui lançaient les représentants de la presse.
"C'est un triste jour", a déclaré dans un communiqué tôt vendredi Mgr Oscar Cruz, président de la Conférence des évêques philippins qui a mené une vigoureuse campagne ces dernières semaines contre la peine de mort.
Tout espoir de pardon de dernière minute semble exclu vendredi pour Léo Echegaray, le président Joseph Estrada, la seule personne détenant le pouvoir de commuer la peine, ayant annoncé jeudi qu'il avait fait couper le téléphone rouge reliant son bureau à la chambre d'exécution.
"La vie est retirée, non par le fait d'un accident, non par la maladie, pas même par un acte criminel, mais par rien de moins que l'Etat", remarque Mrg Cruz dans le communiqué.
Un petit groupe d'opposants à la peine de mort a tenu une veille pendant la nuit devant la prison de Muntinlupa au sud de Manille où était détenu Echegaray, accrochant des rubans noirs aux arbres sur la route menant à la chambre d'exécution.
Des foules de sympathisants plus importantes sont attendues dans le courant de la journée. Les abords de la prison et de la chambre d'exécution ont été entourés de barbelés pour les contenir.
Des dizaines de policiers sont postés depuis jeudi soir dans la prison, armes automatiques au poing, pour prêter main forte aux gardiens en cas d'émeutes des prisonniers.
Léo Echegaray, qui se déclare innocent du crime pour lequel il a été condamné, reçoit jusqu'à 11H00 (03H00 GMT) des visites de sa famille, de ses avocats et de ses conseillers spirituels. Il sera ensuite placé en isolement total et consommera un repas frugal dont le coût selon le règlement pénitentiaire ne pourra excéder 7 dollars.
Il sera attaché à la table d'exécution à 14H00 (06H00 GMT) puis recevra trois injections mortelles destinées à l'endormir, à relaxer ses muscles puis à arrêter son coeur. Sa mort devrait être officiellement confirmée peu après 15H00 (7H00 GMT).
914 autres prisonniers à mort croupissent toujours dans leurs cellules sur l'ensemble des Philippines et la mort de Léo Echegaray devrait marquer le début de leurs exécutions.
Dans une lettre au président Estrada jeudi, Amnesty International a dénoncé le "tapis roulant de la mort" que l'exécution d'Echegaray doit mettre en marche.
La peine capitale avait été proscrite aux Philippines en 1987 puis réinstaurée en 1994. Un prisonnier en moyenne est condamné à mort dans le pays toutes les 48 heures.