Washington - L'État américain de l'Ohio a exécuté jeudi matin un condamné à mort par l'injection létale d'un cocktail médicamenteux qui n'avait jamais été testé auparavant, a-t-on appris auprès des autorités pénitentiaires.
Dennis McGuire, 53 ans, condamné pour le viol et le meurtre en 1989 d'une jeune femme enceinte, a été déclaré mort à 10 h 53 à Lucasville, a indiqué à l'AFP une porte-parole des autorités de l'Ohio.
Selon le nouveau protocole de cet État, il a été exécuté par l'injection du sédatif midazolam et de l'antalgique hydromorphone, dont le mélange n'avait jamais été utilisé aux États-Unis.
Comme beaucoup d'États américains acculés à une pénurie de produits pour leurs exécutions, l'Ohio a changé de procédure après le refus des fabricants européens de fournir, pour le châtiment suprême, l'anesthésiant jusqu'ici employé.
Tous les appels du condamné, jusque devant la Cour suprême des États-Unis, avaient été rejetés. Ses avocats assuraient qu'il allait mourir d'asphyxie par un phénomène de «manque d'air» et endurerait «une peine cruelle et inhabituelle» prohibée par la Constitution.
Le bureau des grâces de l'Ohio, suivi par le gouverneur John Kasich, qui par le passé a commué quatre condamnations à mort et exprimé des réserves sur la peine capitale, lui avait refusé sa clémence.
Un juge fédéral de l'Ohio, Gregory Frost, avait jugé que «la preuve n'avait pas été faite devant ce tribunal que McGuire présentait un risque substantiel d'expérimenter une souffrance sévère», selon le document judiciaire.
«Les avocats de McGuire affirment qu'il mourra par suffocation dans une atroce agonie. L'État n'est pas d'accord. Mais la vérité est que personne ne sait exactement comment McGuire va mourir, combien de temps cela durera et ce qu'il expérimentera pendant la procédure», avait commenté, dans une chronique sur CNN, Elisabeth Semel, professeur à l'École de droit de l'Université de Californie Berkeley, où elle est spécialiste de peine capitale.
Le juge Frost avait rejeté l'appel, sur les mêmes fondements, d'un autre condamné à mort de l'Ohio, Ronald Phillips, qui devait être le premier homme à être exécuté avec la nouvelle procédure. Son exécution a finalement été reportée à juillet, le temps d'étudier sa demande de don d'organes.
Dennis McGuire est le troisième homme à être exécuté cette année aux États-Unis. L'Ohio avait mis à mort trois condamnés en 2013, sur les 39 exécutés l'année dernière à l'échelle du pays, selon le Centre d'information sur la peine capitale.