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Pakistan : un ressortissant britannique condamné à mort pour blasphème

dépêche de presse du 24 janvier 2014 - Agence mondiale d'information - AFP
Un tribunal pakistanais a condamné à mort pour blasphème un Britannique qui a affirmé être un prophète de l'islam, ont annoncé vendredi à l'AFP un procureur et la police. Ses avocats ont souligné ses problèmes mentaux.

Mohammad Asghar, 65 ans, d'origine pakistanaise, avait été arrêté en 2010 à Rawalpindi, ville garnison voisine de la capitale Islamabad, pour avoir écrit des lettres dans lesquelles il disait être un prophète.

Un tribunal spécial installé dans la prison Adiala de Rawalpindi, où il est détenu, a rejeté jeudi la demande de clémence de ses avocats, qui mettaient en avant ses "problèmes mentaux", et l'a condamné à mort, a indiqué à l'AFP Javed Gul, procureur du ministère public. La condamnation a été confirmée à l'AFP par un responsable de la police de Rawalpindi, Sadiq Abad.

"Asghar a affirmé qu'il était un prophète même devant la cour. Il l'a avoué devant le juge. Il avait même l'habitude de l'écrire sur ses cartes de visite", a expliqué Javed Gul, ajoutant que l'accusé s'est en outre vu infliger une amende d'un million de roupies (près de 7.000 euros).

D'après une source proche du dossier, Mohammad Asghar avait depuis longtemps des problèmes mentaux, pour lesquels il avait été hospitalisé en Écosse en 2003.

Selon cette source, qui ne voulait pas être identifiée en raison du caractère ultra-sensible des affaires de blasphème au Pakistan, Mohammad Asghar a tenté de se suicider au cours de sa détention à la prison d'Adiala. Mais le tribunal a refusé de reconnaître ces problèmes, a-t-elle regretté.

L'accusé a été déclaré "normal" après examen par un comité médical, et "n'a pas réussi à produire un seul témoin en sa faveur", a de son côté souligné le procureur Gul.

Le blasphème est un sujet qui enflamme facilement les foules au Pakistan, pays musulman à 97%. Aux termes d'une loi très controversée, porter atteinte au prophète Mahomet est passible de la peine de mort.

Le Pakistan n'a toutefois exécuté aucune personne condamnée à peine capitale depuis 2008, à l'exception d'un soldat condamné en cour martiale.

Plusieurs affaires de blasphème, notamment vis-à-vis de la minorité chrétienne, ont suscité ces dernières années l'émotion de la communauté internationale.

Les groupes de défense des droits de l'Homme estiment que cette loi est régulièrement utilisée de manière abusive, notamment à l'encontre des minorités, pour régler des comptes personnels ou s'approprier des terrains. Mais Islamabad s'est toujours bien gardé jusqu'ici de la réviser.
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