(Agence France-Presse) Washington - Une Américaine était sur le point d'être exécutée mercredi au Texas pour le meurtre de son compagnon handicapé mental, un phénomène rare aux États-Unis où la peine capitale a été infligée à seulement treize femmes en trois décennies.
Si aucun appel de dernière minute ne s'y oppose, Suzanne Basso, 59 ans, dont 14 dans le couloir de la mort, devait mourir par injection intraveineuse de barbituriques à 18 h locales (19 h à Montréal) à Huntsville, au Texas.
Cette femme aujourd'hui handicapée, qui pesait près de 160 kilos (350 livres) lors de son arrestation en septembre 1999, avait alors été condamnée à mort pour le meurtre en réunion avec violences et actes de torture de son compagnon, pour bénéficier de son assurance-vie.
Louis «Buddy» Musso, un attardé mental de 59 ans, avait été brûlé avec des cigarettes et battu à mort avec ceintures, battes de baseball et bottes ferrées avec la complicité de cinq personnes. Son corps méconnaissable, présentant de multiples commotions et fractures, avait été retrouvé en bord de route près de Houston, en août 1998, selon des documents judiciaires.
Malgré tous ses appels, jusque devant la Cour suprême des États-Unis, la condamnation à mort de Suzanne Basso a été confirmée au fil des ans et, c'est assise dans son fauteuil roulant, dans le couloir de la mort des femmes au Texas, qu'elle attendait mercredi d'être transférée dans la chambre de la mort de Huntsville, peu avant l'heure fatale. Un ultime recours était entre les mains du bureau texan de remise des peines.
«Le premier critère pour imposer la peine capitale à quelqu'un au Texas c'est que l'accusé soit considéré comme "un danger" pour la société. Or, il est difficile d'imaginer comment cette sexagénaire, confinée à un fauteuil roulant, peut être une menace pour la société si elle restait en prison pour le restant de ses jours», a déclaré à l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC).
Si elle est exécutée, Suzanne Basso, dont les avocats ont en outre argué du retard mental, serait la quatorzième femme mise à mort aux États-Unis, dont cinq au Texas, sur 1366 exécutions depuis le rétablissement de la peine capitale dans le pays en 1976.
Le phénomène est «assez rare», selon le DPIC qui compile toutes les données sur la peine de mort aux États-Unis.
Au 1er janvier 2013, les femmes représentaient, avec 60 prisonnières, à peine 2 % de la population totale dans le couloir de la mort, et près de 3 % du total des exécutions perpétrées depuis 1608 aux États-Unis, 9 % si l'on se cantonne aux trois dernières décennies, selon le DPIC.
«Les chiffres sont faibles, car généralement les femmes ne commettent pas souvent le type de meurtre aggravé requis pour la peine capitale», a ajouté M. Dieter.
Les femmes représentent 10 % des arrestations pour meurtres, mais à peine plus de 2 % des condamnations à mort prononcées en première instance.
«L'exécution d'une femme est troublante, car la peine de mort est prévue pour protéger l'innocence», qui est généralement féminine, a écrit Joan Howarth, professeur de de droit à l'Université du Michigan.
«La peine capitale, c'est habituellement les hommes qui tuent des hommes», ajoute-t-elle dans un article de 2002. Car «mettre quelqu'un à mort est le travail d'un homme. Être mis à mort est en grande majorité réservé aux hommes, mais certaines femmes ont été jugées aptes à tenir ce rôle à travers l'Histoire».
La dernière femme à avoir été exécutée est Kimberly McCarthy, une ancienne toxicomane afro-américaine de 52 ans, mise à mort fin juin 2013 au Texas, pour le meurtre sauvage d'une vieille dame.