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La Soudanaise condamnée pour apostasie réfugiée à l'ambassade américaine

dépêche de presse du 26 juin 2014 - Agence mondiale d'information - AFP
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(Agence France-Presse) KHARTOUM - La chrétienne soudanaise dont la condamnation à mort avait été annulée, et qui avait été ensuite arrêtée en tentant de quitter le pays, a trouvé refuge à l'ambassade des États-Unis à Khartoum, a déclaré son avocat à l'AFP jeudi.

Meriem Yahia Ibrahim Ishag «est à l'ambassade américaine en ce moment», selon Me Mohanad Mustafa, sans plus de précisions. Interrogé, un porte-parole de la mission diplomatique n'a pas fait de commentaires.

«Elle et son mari pensent qu'il s'agit d'un endroit sûr pour eux», a ajouté l'avocat.

A Washington, la porte-parole du département d'Etat Marie Harf a indiqué que Mme Ishag et sa famille étaient «dans un endroit sûr» et que le gouvernement soudanais avait «assuré que la famille continuerait d'être en sécurité».

Invoquant des considérations de vie privée, la représentante de la diplomatie américaine a refusé de préciser l'endroit où se trouvait la jeune Soudanaise, dont l'arrestation puis la condamnation à mort pour apostasie (qui renonce à sa religion, ndlr) avait provoqué l'indignation de pays occidentaux.

Meriem Yahia Ibrahim Ishag, 26 ans, avait été arrêté mardi à l'aéroport alors qu'elle tentait de quitter le Soudan avec son mari et leur deux enfants, puis inculpée d'usage de faux, Khartoum l'accusant d'avoir présenté un faux document et fourni de fausses informations pour partir.

Le procureur avait décidé de la laisser rentrer chez elle sous le contrôle d'un garant, avait déclaré plus tôt dans la journée Me Mohanad Mustafa, ajoutant qu'elle ne pourrait pas quitter le pays.

Meriem Yahia Ibrahim Ishag a pu quitter le commissariat après que ses avocats et les autorités sont tombés d'accord sur un garant, qui a donné des gages qu'elle se présenterait à la justice en cas de convocation. Le nom de cette personne n'a pas été dévoilé.

Le cas de cette jeune femme, qui met au jour la question de la liberté de culte au Soudan, et sa condamnation à la peine de mort le 15 mai ont suscité l'indignation de gouvernements occidentaux et de groupes de défense des droits de l'homme.

Une cour d'appel a décidé lundi de sa libération de prison, où elle était détenue avec ses enfants. Mais, menacée de mort, elle a dû se cacher dès sa sortie. Elle s'est ensuite rendue à l'aéroport de Khartoum avec son mari et leurs enfants, pour quitter le Soudan.

C'est là, selon son époux, Daniel Wani, qui a la double nationalité américaine et sud-soudanaise, qu'elle a été retenue par des agents de la sécurité nationale alors qu'elle était escortée par des diplomates de l'ambassade américaine.

La famille voulait se rendre aux États-Unis.

«Nous sommes inquiets. C'est pour cela que nous voulons partir d'ici aussi vite que possible», a expliqué M. Wani, assurant que tous les documents étaient en règle.

Le ministre soudanais de l'Information, Ahmed Bilal Osmane, a expliqué à l'AFP que la jeune femme aurait dû utiliser un passeport soudanais, mais son avocat a expliqué qu'elle n'en avait pas.

«C'est là tout le problème. Elle a pris un document étranger pour voyager. Ce qu'elle a fait est illégal», a insisté M. Osmane, tout en assurant que la situation pouvait être résolue. «Je suis sûr qu'elle va s'expliquer, obtenir le passeport et qu'elle pourra voyager. Pas de problème», a-t-il déclaré.

Meriam Yahia Ibrahim Ishag est née d'un père musulman et d'une mère chrétienne orthodoxe, qui l'a élevée dans sa confession après le départ du père quand l'enfant avait 5 ans.

Selon l'archevêché catholique de Khartoum, elle s'est convertie à la confession catholique juste avant d'épouser M. Wani fin 2011. Ce sont des hommes «qui disaient être» de sa famille paternelle qui ont engagé les poursuites pour apostasie.
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