Lahore (Agence Fides) – La première audience du procès en appel d'Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème, ne se tiendra pas aujourd'hui, 27 mai, comme prévu, sachant par ailleurs qu'aucune autre date n'a été fixée et que l'on ne sait si elle le sera. C'est ce qu'indiquent à l'Agence Fides les avocats faisant partie du collège des défenseurs de la jeune femme. Dans un entretien accordé à l'Agence Fides, Maître Naeem Shakir, l'un des défenseurs d'Asia Bibi, ne cache pas son étonnement : "Le cas était inscrit au rôle des audiences prévues pour aujourd'hui. Puis, il a disparu à l'improviste. Nous ne savons pas pourquoi. Je peux seulement vous dire que ce qui se passe actuellement n'est pas normal". Les avocats attendent une motivation officielle de la part de l'administration de la Haute Cour de Lahore permettant d'expliquer la grave anomalie qui se traduit par un déni de justice envers une victime innocente.
"A ce point, nous ne savons pas quand ni même si le cas sera examiné" expliquent-ils. De février à aujourd'hui, le procès a subi quatre renvois pour les motifs les plus disparates et le procès n'a jamais commencé. Selon les observateurs, les magistrats de la Cour d'Appel ne veulent pas prendre la responsabilité de le réexaminer et de rendre la justice par crainte de rétorsions de la part des groupes islamiques radicaux. Par le passé, des juges ayant acquitté des chrétiens considérés coupables de blasphème ont été tués.
Ainsi que l'a appris Fides, l'amertume et la déception règnent également parmi les membres de la famille d'Asia Bibi. Dans les prochains jours, indiquent les avocats, la jeune femme, qui se trouve dans la prison pour femmes de Multan, sera informée des derniers développements du cas qui la concerne.
Asia Noreen Bibi a été dénoncée le 19 juin 2009 pour blasphème aux sens de l'article 295c du Code pénal (insulte contre le prophète Mahomet) par le mullah Qari Muhammad Sallam à la police de la petite ville de Nankana Sahib. Après un procès devant un tribunal de premier degré de cette même ville, elle a été condamnée à mort le 8 novembre 2010. L'appel a été présenté devant la Haute Cour de Lahore le 11 novembre de cette même année mais, pour des motifs d'opportunité, de contexte et suite à des pressions, religieuses et politiques, il a été pris en considération et fixé par la Cour quatre ans seulement après sa présentation. Aujourd'hui, les renvois continuels ne permettent pas encore que se tienne la première audience de ce procès en appel.