KABOUL – Le policier de l'Afghanistan accusé d'avoir tué la photographe de presse Anja Niedrighaus et d'avoir blessé la correspondante Kathy Gannon, toutes deux de l'agence américaine Associated Press le 4 avril dernier, a été reconnu coupable et condamné à la peine de mort, a annoncé un tribunal de Kaboul, mercredi.
Il s'agissait de la première audience en cour dans cette affaire et, en vertu des lois en vigueur en Afghanistan, le verdict et la peine sont susceptibles d'être soumis à plusieurs étapes de révision.
Six juges de la cour de district de Kaboul ont trouvé le policier Naqibullah coupable de meurtre et de trahison en lien avec une attaque dans la ville de Khost, dans le sud-est du pays, qui visait des journalistes internationaux qui se préparaient à couvrir le premier tour des élections présidentielles du pays. Les juges ont aussi condamné Naqibullah, qui emploie un seul nom comme plusieurs autres Afghans, à quatre ans de prison pour avoir fait feu et blessé Mme Gannon.
Les juges ont émis leur verdict mardi lors d'une session longue de deux heures qui a suivi une enquête policière qui a duré trois mois.
Représenté par un avocat de la défense qui lui avait été fourni par une association juridique, Naqibullah a argumenté avec les juges avant le prononcé de la sentence, affirmant à un certain moment qu'il n'était «pas une personne normale». Cependant, les juges ont rejeté cette prétention après que le suspect eut donné son nom, son âge et la date exacte. Naqibullah a aussi nié les affirmations des juges selon lesquelles il a déjà voyagé au Pakistan pour recevoir un entraînement fourni par des extrémistes. Il a plutôt prétendu qu'il n'y recevait que des soins médicaux.
Le président de l'Afghanistan doit entériner toute ordonnance d'exécution. Par ailleurs, Naqibullah peut aussi aller en appel auprès d'une seconde instance et, ultimement, de la Cour suprême du pays.
Mmes Gannon et Niedringhaus s'étaient rendues à Khost et bénéficiaient de la protection des forces afghanes. Or, selon des témoins, Naqibullah s'est approché du véhicule qu'elles occupaient et a crié «Allahu Akbar» — Dieu est Grand — avant de faire feu en leur direction alors qu'elles se trouvaient au quartier général de police d'un district situé en banlieue de la ville. Naqibullah s'est servi d'une arme d'assaut Kalashnikov et s'est rendu immédiatement après l'attaque.
Pendant sa comparution mardi, Naqibullah n'a pas expliqué pourquoi il avait fait feu.