LUSAKA - Le président zambien Levy Mwanawasa a commué vendredi en travaux forcés les sentences de mort contre 44 militaires accusés d'un coup d'Etat avorté en 1997, exprimant un credo personnel contre la peine capitale, synonyme de survie pour 200 détenus des "couloirs de la mort" du pays.
Le chef de l'Etat a annoncé lors d'une conférence de presse à Lusaka que 44 peines de morts prononcées en 1999 et confirmées en appel en 2003 contre des militaires putschistes étaient commuées en peines de prison de 10 ans à 20 ans de prison avec travaux forcés.
Pour 36 simples soldats et sous-officiers parmi les accusés, qui selon Mwanawasa "n'ont fait que suivre les ordres de leurs supérieurs", la peine de mort est commuée en 10 ans de prison avec travaux forcés.
"En fonction de la bonne conduite des prisonniers, ils pourraient bénéficier d'une remise d'un tiers de leur peine", a ajouté le chef de l'Etat, ce qui signifie que certains pourraient être libérés dans environ un an, prenant en compte le temps déjà passé en détention.
"La vie est sacrée", a déclaré le président Mwanawasa, un avocat de formation, en annonçant les commutations.
"Aussi longtemps que je resterai président, je ne ferai pas exécuter une sentence de mort", a-t-il affirmé à l'attention de quelque 200 détenus actuellement dans les "couloirs de la mort" de prisons zambiennes.
Les dernières exécutions en Zambie ont eu lieu en 1998, lorsque huit criminels de droit commun avaient été pendus, après autorisation du président de l'époque Frederick Chiluba.
C'est ce même Chiluba, au pouvoir de 1991 à 2001, que les putschistes avaient tenté de renverser, leur meneur, le capitaine Steven Lungu alias "capitaine Solo", prenant d'assaut la radio-télévision nationale, et annonçant la destitution du chef de l'Etat.
Lungu avait justifié l'opération par la corruption généralisée régnant alors, et menaçant selon lui de faire effondrer le pays. Dans une spectaculaire confession, Lungu avait affirmé être le seul instigateurs avec le capitaine Jack Chiti, et avait supplié la justice d'acquitter les autres soldats.
"Solo" a vu sa peine commuée à 20 ans de prison avec travaux forcés, Chiti à 15 ans, en raison de problèmes de santé et d'une bonne conduite en prison. Un des soldats a par contre vu sa peine commuée à 20 ans, selon le Mwanawasa en raison de mauvaise conduite. Un 44ème est décédé récemment en prison.
Le président Mwanawasa, dans sa tirade contre la peine de mort, a estimé que l'execution par pendaison, comme c'est le cas en Zambie, va à l'encontre des conventions internationales sur les sanctions "inhumaines ou dégradantes".
Il a appelé les Zambiens à réfléchir et décider s'ils souhaitent ou non voir l'abolition de la peine de mort, à l'occasion de la prochaine révision de la constitution.
Une organisation zambienne de défense des droits de l'Homme, Afronet, a salué la grâce présidentielle, mais estimé que les soldats, détenus depuis 1997, auraient dû être libérés immédiatement.
"Les conditions de détention en Zambie équivalent à des peines de mort", a déclaré Ngande Mwanajiti, porte-parole d'Afronet, redoutant que plusieurs détenus ne décèdent avant leur remise en liberté.
Mwanawasa a rappelé que la haute trahison restait un crime grave, et qu'en aucun cas le niveau de corruption d'un régime ne saurait justifier une tentative de coup d'Etat.
Mwanawasa, au pouvoir depuis 2001, a lui-même lancé une campagne contre la corruption très ambitieuse - et sélective selon ses détracteurs - qui a abouti notamment à voir son prédécesseur Chiluba, jugé depuis décembre pour détournement de dizaines de millions de dollars de fonds publics.