Kaboul - Cinq Afghans condamnés à mort pour le viol collectif de quatre femmes, une affaire qui avait provoqué un mouvement de colère dans le pays où, après une décennie de gain, le droit des femmes demeure fragile, a-t-on appris auprès de la justice afghane.
Le verdict de la cour pour l'exécution de cinq hommes jugés coupables dans l'affaire de viol et de vol de Paghman (est de Kaboul) sera appliqué demain (mercredi), a dit à l'AFP Atta Mohammad Noori, le secrétaire général du bureau du procureur général afghan.
Selon M. Noori, l'affaire a été finalisée par la cour et leur verdict reconnu par le président Karzaï, qui était encore en fonction jusqu'au 29 septembre.
Un groupe de femmes rentrait en convoi à Kaboul le 23 août dernier d'un mariage à l'extérieur de la capitale afghane, lorsque des assaillants vêtus en policiers et munis de fusils les ont agressé.
Ils ont traîné les victimes hors de leur voiture, les ont volées, avant de les battre et de les violer, selon la justice qui a traité l'affaire dans un procès-éclair de quelques heures à peine début septembre, retransmis en direct à la télévision.
Les sept accusés avaient été condamnés à mort. Après un passage devant la cour d'appel, puis la cour suprême, cinq seulement ont finalement écopé de la peine de mort. Les deux autres accusés ont été condamnés à 20 ans de prison essentiellement pour les faits de vol.
Dans un communiqué mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Rupert Coville, a reconnu que les crimes étaient épouvantables, mais il a fait part de graves inquiétudes concernant la façon dont les accusés ont été jugés.
Nous avons reçu des informations crédibles selon lesquelles les prisonniers ont été maltraités avant le procès, n'ont pas eu accès au droit, et au cours du procès - une simple audience de deux jours, suivie par un examen de la cour suprême du cas en appel - le fondement juridique de l'accusation n'était pas clair, a-t-il ajouté.
M. Coville a également dénoncé le recours à la peine de mort après un tel procès. Le Haut-Commissariat a appelé le président Ghani a commuer la peine, a-t-il encore précisé.
Le bureau du président Ghani ne répondait pas mardi une sollicitation de l'AFP pour des commentaires.
Dans un communiqué vendredi, Amnesty International avait demandé au nouveau président afghan Ashraf Ghani, investi quelques jours plus tôt, d'annuler la décision et de renoncer à la peine capitale.
De son côté, l'ambassadeur de l'Union européenne en Afghanistan Franz-Michael Mellbin avait écrit sur son compte Twitter le 28 septembre dernier: Je condamne les crimes haineux de Paghman. La justice doit faire son travail et les auteurs doivent rendre des comptes. Mais l'utilisation de la peine de mort est une erreur.
Interrogé sur une possible annulation de dernière minute de la décision de justice par le nouveau président, M. Noori a répondu que les exécutions devaient bien avoir lieu mercredi, mais n'a pas exclu un changement de dernière minute.
Les talibans, au pouvoir de septembre 1996 à l'intervention occidentale à l'automne 2001, étaient coutumiers des exécutions capitales qu'ils pratiquaient souvent en public. En 2011, les autorités afghanes avaient repris les exécutions, ce qu'Amnesty International avait alors dénoncé.