Téhéran - Une jeune Iranienne, Reyhaneh Jabbari, condamnée à mort pour le meurtre d'un homme qui l'avait selon elle agressée sexuellement, a été pendue samedi matin malgré les appels internationaux pour l'épargner, a rapporté l'agence officielle Irna.
Amnesty International a immédiatement condamné la pendaison de la jeune femme, en la qualifiant de nouvelle tache dans le bilan des droits de l'Homme de l'Iran et d'un affront à la justice.
Reyhaneh Jabbari, 26 ans, a été condamnée à mort en 2009 pour le meurtre en juillet 2007 de Morteza Abdolali Sarbandi, un chirurgien et ancien employé du ministère des Renseignements, au terme d'un procès partial selon Amnesty.
Un expert de l'ONU avait également affirmé en avril que la cour n'avait pas pris en compte toutes les preuves, et que les aveux de la décoratrice avaient été obtenus sous la contrainte.
Selon des sources fiables citées par cet expert, Morteza Abdolali Sarbandi aurait agressé physiquement et sexuellement la jeune femme qui, cherchant à se défendre, l'aurait poignardé avant de s'enfuir et d'appeler une ambulance.
Mais la justice iranienne a balayé ces critiques: les éléments du dossier ont montré que le meurtre était prémédité, a assuré le bureau du procureur de Téhéran dans un communiqué publié samedi.
Reyhaneh Jabbari a avoué avoir acheté un couteau de cuisine (...) deux jours avant le meurtre et l'a utilisé pour commettre le meurtre, selon le communiqué, ajoutant qu'elle avait frappé M. Sarbandi dans le dos ce qui montre qu'elle n'était pas en légitime défense.
Enfin, elle a envoyé un SMS à un ami dans lequel elle dit je vais le tuer ce soir, ce qui montre que le meurtre était prémédité et que l'affirmation de défense contre un viol est sans fondement, poursuit le texte.
Au cours des dernières semaines, la justice iranienne avait accordé plusieurs délais pour obtenir de la famille de la victime qu'elle accorde son pardon, ce qui, selon la charia (loi islamique), en vigueur en Iran, permet à un condamné à mort pour meurtre d'échapper à l'exécution et purger une peine de prison.
La famille de M. Sarbandi a exigé, selon les médias iraniens, que Reyhaneh Jabbari dise la vérité sur l'identité d'un autre homme présent au moment du meurtre pour accorder son pardon.
Dans ses aveux, elle a déclaré qu'un homme était dans l'appartement au moment où mon père a été poignardé, mais elle refuse de donner son identité, avait déclaré Jalal, le fils de Morteza Abdolali Sarbandi, à la presse en avril.
Si elle dit la vérité, elle sera pardonnée, sinon elle subira la loi du talion et donc la pendaison, avait-il poursuivi.
Des artistes et des personnalités de la société civile avaient appelé à la clémence, tout comme des organisations internationales des droits de l'Homme.
Sur la page Facebook créée en soutien à Reyhaneh Jabbari apparaît désormais le message Repose en Paix et des photos de la jeune fille lorsqu'elle était encore enfant.
En 2013, au moins 500 personnes ont été exécutées en Iran, en majorité pour des affaires de drogue, selon l'ONU.