Un tribunal pakistanais a condamné mardi à la peine de mort quatre hommes reconnus coupables d'avoir lapidé une femme enceinte qui s'était mariée sans le consentement de sa famille, un "crime d'honneur" sordide ayant suscité l'indignation au Pakistan et à l'étranger.
Farzana Parveen, 25 ans, avait été battue à mort en mai dernier à coups de briques par une trentaine de membres de sa propre famille devant un tribunal dans le centre de Lahore, capitale de la province centrale du Pendjab. Le Premier ministre, Nawaz Sharif, avait alors demandé aux autorités provinciales de "prendre des mesures immédiates" concernant ce crime "totalement inacceptable".
"La cour a condamné quatre accusés à la peine de mort: le père, le frère, le cousin et l'ex-mari de la victime", a déclaré à l'AFP le procureur Rai Asif Mehmood. "La peine de mort a été prononcée pour meurtre, terrorisme et infanticide d'un foetus", a-t-il ajouté. Les quatre hommes doivent aussi payer une amende de 1.000 dollars chacun.
Les condamnés vont interjeter appel, a indiqué leur avocat, Me Mansoor Rehman Afridi. "Nous pensons que cette affaire a subi des influences politiques et que la pression des médias a joué contre nous", a-t-il dit à l'AFP.
Au Pakistan, des centaines de femmes sont tuées chaque année pour avoir "déshonoré" leur famille, selon la Commission nationale des droits de l'homme, un organisme indépendant qui dénonce "l'impunité" dont jouissent les auteurs de ces meurtres malgré les lois interdisant les mariages forcés et pénalisant les "crimes d'honneur".
Dans un rebondissement aussi inattendu que macabre à cette histoire, le veuf de la victime, Mohammad Iqbal, un agriculteur de 45 ans, avait avoué avoir tué sa première épouse par "amour" pour Farzana, mais avoir échappé à la justice en échange du prix du sang.
Au Pakistan, une personne reconnue coupable d'un meurtre peut en effet échapper à la justice si la famille de sa victime accepte de toucher une compensation financière pour éteindre l'affaire. Aussi, la peine capitale n'a pas été appliquée depuis 2008 contre un civil dans ce pays.