Des associations se réclamant de la société civile camerounaise ont manifesté mercredi à Yaoundé pour protester contre l'adoption récente par le parlement d'une nouvelle loi antiterroriste, jugée "liberticide".
Plusieurs dizaines de personnes venues de différentes régions du Cameroun se sont ainsi rassemblées mercredi à l'occasion de la célébration mercredi de la journée internationale des droits de l'Homme.
L'Assemblée nationale a voté le 4 décembre une "loi portant répression du terrorisme", qui prévoit la peine de mort pour les auteurs d'actes terroristes.
Le collectif Dynamique citoyenne, qui regroupe une centaine d'associations, "demande au président de la République de surseoir à la promulgation en l'état de ladite loi", dans une déclaration publiée mercredi.
Le texte, entériné au Sénat quelques jours plus tard, doit encore être promulgué par le président Paul Biya.
Le code pénal camerounais prévoit déjà la peine capitale pour les coupables de meurtres et d'assassinats, mais aucune exécution n'a eu lieu depuis le milieu des années 80.
Cette nouvelle loi s'inscrit dans un contexte troublé, alors que le nord du pays est confronté à une multiplication d'attaques de la part du groupe islamiste nigérian Boko Haram.
Mais pour la société civile, la lutte contre le terrorisme n'est qu'un prétexte, tant la définition du terrorisme présentée par le nouveau texte est "large".
"Cette loi criminalise les réunions et manifestations publiques", affirme Dynamique citoyenne.
"Vous serez considéré comme terroriste si, par exemple, lors d'une manifestation publique organisée pour exiger l'amélioration du code électoral, pour dénoncer l'incurie des gouvernements en place (. . . ), vous tombez sous le coup" de l'article 2 de la loi, qui définit le terrorisme par des comportements pouvant s'appliquer à des contextes très divers, selon le collectif.