Des organisations de défense des droits de l'Homme ont vivement condamné samedi la reprise des exécutions au Pakistan, où les autorités resserrent l'étau sur les insurgés islamistes après l'attaque talibane contre une école de Peshawar, fatale à 149 personnes.
Le Pakistan a exécuté vendredi soir par pendaison deux condamnés à mort pour terrorisme, mettant fin à un moratoire en vigueur depuis 2008 sur les exécutions pour les civils.
Islamabad avait annoncé la fin de ce moratoire pour les cas de terrorisme juste après l'assaut, mardi, d'une école de Peshawar (nord-ouest) par un commando taliban, attaque la plus meurtrière de l'histoire du pays qui a coûté la vie à 149 personnes dont 133 écoliers.
Avec la reprise des exécutions, "le gouvernement du Pakistan a choisi de se lancer dans une vengeance sanguinaire plutôt que de débusquer et juger les responsables de l'attaque horrible de Peshawar", a réagi samedi l'organisation Human Rights Watch dans un communiqué.
"C'est une réaction cynique du gouvernement afin de masquer son échec à faire face au problème fondamental de l'attaque de Peshawar: son incapacité à protéger la population civile du nord-ouest pakistanais", a renchéri Amnesty International.
Vendredi, le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme, Rupert Colville, avait appelé les autorités pakistanaises à ne pas "succomber aux appels à la vengeance". Selon des sources concordantes, le Pakistan compte près de 8 000 condamnés à mort, la plupart ayant épuisé tous les recours. Parmi eux, plus de 500 l'ont été pour des affaires de terrorisme, selon le gouvernement, et sont donc potentiellement concernés par la fin du moratoire.
Outre, la reprise des exécutions, le Pakistan a intensifié ces derniers jours ses opérations contre les rebelles islamistes. Vendredi, l'armée avait affirmé avoir tué plus d'une cinquantaine d'insurgés dans la zone tribale de Khyber, un refuge des talibans pakistanais du TTP, responsables de l'attaque de Peshawar, près de la frontière afghane.
Samedi, des affrontements entre les forces de sécurité et des talibans ont fait neuf morts, dont un policier et un soldat, près de Peshawar, alors qu'une frappe de drone américain a tué cinq insurgés au Waziristan du Nord, cœur de la mouvance djihadiste dans la région, selon des sources sécuritaires.