Plan du site

Mauritanie: condamnation à mort sous pression de l'opinion estime une ONG

dépêche de presse du 26 décembre 2014 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Mauritanie
Cheikh Ould Mohamed M'Kheitir
Une organisation anti-esclavagiste de Mauritanie a appelé vendredi à gracier un jeune condamné à mort pour apostasie dans ce pays, regrettant "un procès expéditif mené sous la pression d'une opinion publique" encouragée par "des groupuscules d'obscurantistes".

Dans un communiqué transmis à l'AFP à Nouakchott, l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) "condamne avec vigueur, et ce quels qu'en soient les motifs, le recours à la peine de mort et exhorte ceux qui pourraient avoir de l'influence sur le président" mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz "à lui demander d'user de son pouvoir pour gracier" le condamné à mort.

Mercredi soir, un tribunal de Nouadhibou (nord-ouest) a condamné à mort Mohamed Cheikh Ould Mohamed, 29 ans, musulman, inculpé d'apostasie après un écrit considéré comme blasphématoire et comme portant atteinte au prophète Mahomet.

Durant son procès, qui s'était ouvert la veille, l'accusé a plaidé non coupable et expliqué qu'il n'avait pas l'intention de critiquer le prophète mais de défendre une composante sociale "mal considérée et maltraitée", la caste des forgerons dont il est lui-même issu.

La cour a rappelé qu'il a été inculpé d'apostasie "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet et enfreint aux ordres divins" dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens, texte dénoncé par des organisations islamiques comme contestant des décisions prises par le prophète et ses compagnons durant les guerres saintes.

Le verdict a été rendu "au bout d'un procès expéditif mené sous la pression d'une opinion publique chauffée à blanc par des groupuscules d'obscurantistes (. . . ) alliés à des réseaux de féodalités religieuses", estime l'IRA.

"Cette condamnation à la peine capitale intervient après plus d'un an de détention provisoire" de l'accusé, qui a été arrêté le 2 janvier, souligne-t-elle, exprimant sa "stupeur" et sa "grande tristesse" face au jugement.

L'ONG rappelle que Mohamed Cheikh Ould Mohamed - également identifié comme Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir - "s'était repenti de toute offense au prophète".
"Ce repentir aurait dû faire tomber toute condamnation pour apostasie ou blasphème selon la loi mauritanienne. Mais le tribunal de Nouadhibou ne semble pas avoir tenu compte de cette disposition, pas plus que des regrets exprimés en pleine séance par le condamné, préférant suivre les pulsions d'une foule d'illuminés qui accueillit avec des youyous et des explosions de joie" sa condamnation, ajoute-t-elle.

Depuis mercredi soir, plusieurs manifestations de rues saluant le verdict ont été enregistrées à Nouadhibou et à Nouakchott.

Documents liés

Partager…