L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé mercredi à l'annulation de la condamnation à mort d'un jeune blogueur mauritanien accusé d'apostasie.
"Reporters sans frontières demande aux autorités judiciaires compétentes de se prononcer, en appel, contre cette sentence injuste", a déclaré dans un communiqué Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF.
L'organisation estime que "les propos tenus par Mohamed Cheikh Ould Mohamed, critiquant le système des castes, relèvent de la liberté de l'information et d'expression, garantie par l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme."
Le blogueur mauritanien de 29 ans, jugé pour un écrit considéré comme blasphématoire, a été condamné à mort le 24 décembre par un tribunal de Nouadhibou (nord-ouest).
Le jeune homme avait été inculpé d'apostasie "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet" dans un article publié brièvement sur des sites internet mauritaniens, dans lequel il contestait des décisions prises par le prophète Mahomet et ses compagnons durant les guerres saintes.
La défense, qui a interjeté appel, espère obtenir "une application moins rigoureuse des textes, dans la mesure où le Code pénal prévoit des circonstances atténuantes en cas de repentir", avait indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Mohamed Cheikh Ould Mohamed, qui n'a eu de cesse de se repentir avant et pendant son procès, avait expliqué que "son intention n'était pas de porter atteinte au prophète, (...) mais de défendre une couche de la population mal considérée et maltraitée, les forgerons", dont il est issu.
Les deux avocats commis d'office pour la défense ont insisté sur le repentir exprimé par l'accusé et estimé que cela devrait être pris en compte en sa faveur.
Le jeune homme, détenu depuis le 2 janvier, avait plaidé non coupable à l'ouverture de son procès, le premier du genre en Mauritanie. La peine de mort n'est pas abolie dans le pays où, selon Amnesty International, la dernière exécution date de 1987.