Todd Willingham pourrait devenir cette semaine le premier condamné à mort américain à obtenir une réhabilitation à titre posthume depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976. L'homme a été exécuté en 2004 dans l'Etat du Texas, à l'âge de 36 ans.
Un juge texan a convoqué une audience mercredi et jeudi pour déterminer s'il était en fait innocent du meurtre de ses trois filles. "Je ne vois rien d'aussi important dans notre système judiciaire que de blanchir quelqu'un qui était en réalité innocent mais a été condamné et exécuté", a déclaré le juge Charlie Baird. "C'est la chose la plus épouvantable qui puisse arriver", a-t-il ajouté.
Le juge Baird a été saisi par la famille de Todd Willingham qui, jusque dans ses dernières paroles, a toujours clamé son innocence. Dans un pays pourtant peu friand de réhabilitations posthumes, ce juge local d'Austin avait déjà innocenté en février 2009 Timothy Cole, mort en prison après 25 ans d'incarcération pour viol.
Mais établir l'innocence d'un condamné à mort est extrêmement complexe et aboutit très rarement aux Etats-Unis, encore moins après l'exécution. La justice de Géorgie en 2005, puis celle de de Caroline du Sud en 2009, ont respectivement innocenté une femme exécutée en 1945 et deux hommes exécutés en 1915, selon le Centre d'informations sur la peine de mort (DPIC). "Cette affaire est à un tournant qui pourrait déboucher sur une première historique", a confirmé Richard Dieter, directeur du DPIC.
Todd Willingham a été condamné à mort en 1992 pour avoir mis le feu à sa maison l'année précédente, tuant sa fille de deux ans et ses deux jumelles d'un an. Il était âgé de 23 ans au moment des faits et le rapport d'expertise faisait état de multiples éléments prouvant qu'il s'agissait d'un incendie volontaire. Ce rapport a depuis été contesté par plusieurs spécialistes reconnus des scènes d'incendie qui ont tous conclu à un accident.
Lors des audiences, mercredi et jeudi après-midi, le juge Baird entendra la déposition de ces experts, de la famille de Todd Willingham et d'un témoin qui avait, au moment du procès, assuré que Todd Willingham lui avait avoué en prison le triple meurtre, mais qui est depuis revenu sur ses propos.