Le nouveau président indonésien a rejeté les demandes de grâce de plusieurs étrangers condamnés à mort pour trafic de drogue, parmi lesquels un Français, qui pourraient être exécutés très prochainement, a indiqué le parquet général de Jakarta.
Le ministère public a reçu "les copies officielles du décret présidentiel rejetant la demande de grâce pour 11 condamnés à mort", a déclaré mercredi soir un porte-parole du parquet général, Tony Spontana. Parmi les 11 figurent sept étrangers condamnés à la peine capitale pour des affaires de drogues, dont le Français Serge Atlaoui. Les autres étrangers viennent de pays parmi lesquels l'Australie, le Brésil, le Ghana, le Nigeria et les Philippines.
Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, près de Jakarta, et condamné en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue. M. Spontana a souligné que le parquet général avait déjà établi une liste de 11 condamnés à mort devant être exécutés dans les semaines à venir, mais qu'il n'avait pas encore décidé quels condamnés figuraient sur cette liste. Une annonce à ce sujet sera faite prochainement, a-t-il dit.
Des dizaines d'Indonésiens et d'étrangers condamnés à la peine capitale pour des affaires de stupéfiants sont dans le "couloir de la mort" en Indonésie, un pays dont la législation en la matière est l'une des plus sévères au monde. Six condamnés, parmi lesquels cinq étrangers, ont été exécutés par balle le 18 janvier, une affaire qui a entraîné le rappel des ambassadeurs du Brésil et des Pays-Bas, dont un ressortissant de chaque pays figurait parmi les condamnés à mort.
Il s'agissait des premières exécutions depuis l'arrivée au pouvoir en octobre du président Joko Widodo, surnommé Jokowi. Il avait déclaré peu après sa prise de fonction qu'il n'y aurait "pas de grâce" pour les affaires de drogue, qui plongent l'Indonésie dans un "état d'urgence".
Au cours d'une visite à Jakarta le 16 janvier, le ministre français des Finances, Michel Sapin, premier membre du gouvernement français à se rendre en Indonésie depuis l'arrivée au pouvoir de Jokowi, avait fait part de sa "préoccupation" au vice-président indonésien quant au sort de Serge Atlaoui, la France étant farouchement opposée à la peine de mort qu'elle a abolie en 1981.