La justice égyptienne a confirmé lundi la condamnation à mort de 183 islamistes accusés d'avoir tué des policiers et annoncé l'ouverture d'un quatrième procès, pour espionnage, contre l'ex-président islamiste Mohamed Morsi.
M. Morsi, destitué et arrêté en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, devra se présenter le 15 février devant un tribunal pour répondre de "trahison" et d'"espionnage" au profit du Qatar.
Premier chef d'Etat égyptien élu démocratiquement en 2012, M. Morsi encourt déjà la peine de mort dans trois autres procès en cours, pour le meurtre de manifestants, espionnage et évasion de prison.
Sa confrérie des Frères musulmans, bénéficiant du soutien du Qatar, a remporté toutes les élections en Egypte entre la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011 après une contestation populaire et la destitution de Morsi. L'actuel pouvoir issu de l'armée a déclaré la confrérie "organisation terroriste".
A ces procès, M. Morsi se défend en répétant qu'il se considérait toujours comme le chef de l'Etat, victime d'un "coup d'Etat".
La justice égyptienne a par ailleurs confirmé la peine de 183 des 188 islamistes ou sympathisants des Frères musulmans condamnés à mort en décembre 2014 pour avoir tué 13 policiers le 14 août 2013 à Kerdassa, banlieue du Caire.
A cette date, les accusés étaient parmi la foule en colère qui avait attaqué un commissariat à Kerdassa quelques heures après que les forces de l'ordre eurent tué plus de 700 partisans de M. Morsi en dispersant deux rassemblements dans le centre du Caire.
Sur les 188 condamnés initialement, deux ont été acquittés, l'un a vu sa peine commuée à dix ans de prison et deux autres sont décédés.
La peine capitale a été confirmée pour les 183 autres après avis, non contraignant, du grand mufti d'Egypte, comme l'exige la législation.
Ils ont maintenant la possibilité de se pourvoir en cassation.
Après la condamnation en première instance des 188 personnes, Amnesty international avait estimé qu'il s'agissait d'un "nouvel exemple illustrant comment l'appareil judiciaire est de plus en plus hors de contrôle" en Egypte.
Des procès de masse -parfois expédiés en quelques minutes- ont en effet abouti à la condamnation à mort de centaines de pro-Morsi.
Lundi également, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès pour 22 hommes condamnés à mort ou à la prison à vie pour le meurtre, mi-septembre 2013 à Kerdassa d'un général de police, tué d'une balle dans un raid contre un bastion présumé des Frères musulmans.
Sur les 22 accusés, dont les condamnation initiales ont été annulées par la Cour de cassation, seuls 11 seront rejugés, les autres étant en fuite.
Dans les mois qui ont suivi la destitution de M. Morsi, le nouveau pouvoir s'est lancé dans une répression farouche, policiers et soldats tuant plus de 1.400 de ses partisans, dont plus de la moitié le 14 août 2013.
Plus de 15.000 personnes ont par ailleurs été arrêtées, essentiellement des membres des Frères musulmans.
M. Sissi a été élu président en mai 2014, après avoir éliminé toute opposition, islamiste puis laïque et libérale.
La plupart des ONG internationales, comme Amnesty International, estiment que le régime de M. Sissi est plus répressif que celui que M. Moubarak a dirigé pendant 30 années.
Pour justifier la destitution de M. Morsi, M. Sissi avait invoqué les millions de personnes qui avaient manifesté trois jours plus tôt pour réclamer son départ, l'accusant de ruiner l'économie et de vouloir radicaliser à marche forcée l'islam que pratiquent les Egyptiens.