Plan du site

Pakistan: appel contre l'exécution d'un civil condamné hors terrorisme, une première depuis 2008

dépêche de presse du 29 janvier 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé jeudi le Pakistan à empêcher la première exécution depuis 2008 d'un civil non condamné par un tribunal antiterroriste, qui viole selon elles la politique officielle sur le sujet.

Après l'attaque par un commando rebelle islamiste taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest) à la mi-décembre, la plus sanglante de l'histoire du pays avec au moins 150 morts, Islamabad avait levé le moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis sept ans, pour les prisonniers condamnés par des tribunaux antiterroristes.

Depuis, 20 d'entre eux ont été pendus, et le Pakistan a annoncé prévoir d'en exécuter près de 500 autres.

Et ces derniers jours, un tribunal de Rawalpindi, ville voisine de la capitale Islamabad, a émis un mandat d'exécution contre Shoaib Sarwar, condamné à mort en 1998 pour le meurtre d'un jeune homme.

Or M. Sarwar, 18 ans au moment des faits, n'a pas été condamné par un tribunal antiterroriste, selon les documents de justice consultés par l'AFP.

Il ne devrait donc pas être pendu, mardi prochain, le 3 février, comme le prévoit le mandat d'exécution délivré contre lui, ont souligné jeudi plusieurs ONG le défendant, en accusant la justice d'avoir illégalement lancé cette procédure sous la pression de la famille de la victime.

"Exécuter une personne alors que la politique du gouvernement consiste spécifiquement à exclure cette personne de la liste des exécutions est totalement arbitraire", dénonce Kate Higham, de l'ONG britannique Reprieve, actuellement au Pakistan, où elle suit ce dossier avec l'organisation locale Justice Project Pakistan (JPP).

"Le gouvernement doit agir rapidement pour empêcher cette exécution", a-t-elle ajouté. Devant la pression d'ONG, de diplomates et des médias, le Pakistan avait sursis début janvier à l'exécution de Shafqat Hussain, condamné à mort pour meurtre par un tribunal antiterroriste alors qu'il était encore mineur au moment des faits.

Le Pakistan avait obtenu l'an dernier de l'Union européenne (UE) le statut "GSP+" qui exempte de taxes ses exportations de textile, une aubaine pour les industriels, en s'engageant entre autres à maintenir son moratoire sur la peine de mort.

L'UE a depuis dénoncé la reprise des exécutions dans les affaires de terrorisme, sans menacer pour l'heure de retirer le statut de GSP+ au "pays des purs".
Partager…