Les autorités pakistanaises ont pendu mardi deux membres du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un groupe islamiste armé hostile à la minorité musulmane chiite, reconnus coupable de meurtre, portant à au moins 22 le nombre d'exécutions depuis la levée partielle du moratoire sur la peine capitale à la mi-décembre.
Attaullah, aussi nommé Qasim, et Mohammad Azam avaient été condamnés par un tribunal antiterroriste pour le meurtre en 2001 d'un médecin chiite à Karachi (sud). "Ils ont été pendus ce matin et les dépouilles ont été rendues aux familles", a déclaré une source carcérale requérant l'anonymat.
Peu de temps après ces exécutions, une bombe a explosé sans faire de victimes entre deux écoles de Karachi. Selon des sources policières, les assaillants ont laissé sur place une note prévenant de nouvelles violences si les exécutions se poursuivaient.
Le Pakistan avait levé à la mi-décembre son moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008, dans les seuls cas de terrorisme après l'attaque d'un commando taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest) qui a fait 153 morts, dont 134 écoliers.
Cette reprise des exécutions a été décriée par des groupes islamistes armés, mais aussi des organisations de défense des droits de l'Homme et l'Union européenne, premier partenaire commercial du Pakistan, pour qui "la peine de mort n'est pas un outil efficace pour lutter contre le terrorisme".
Les autorités prévoient l'exécution de 500 personnes déjà condamnées à mort par les tribunaux civils antiterroristes et ont annoncé la création de nouveaux tribunaux antiterroristes permettant cette fois à l'armée de juger des civils.
Au cours des dernières années, les attaques se sont intensifiées au Pakistan contre les musulmans chiites, qui forment environ 20% de la population de ce pays de près de 200 millions d'habitants majoritairement sunnites. Vendredi, un attentat contre une mosquée chiite a fait plus de 60 morts à Shikarpur, dans la province du Sind, dont Karachi est la capitale.