Le patron du groupe Virgin, Richard Branson, a appelé mercredi le président indonésien à la clémence envers les trafiquants de drogue qui attendent leur exécution en Indonésie, déclarant que la peine de mort avait échoué à faire ses preuves et proposant ses services pour dialoguer.
Plusieurs étrangers, dont un Français, deux Australiens et des ressortissants du Brésil, des Philippines, du Ghana et du Nigeria ont été condamnés à mort en Indonésie et risquent d'être exécutés suite au rejet récent de leur demande de grâce présidentielle.
Richard Branson est membre de la Commission mondiale pour la politique des drogues (GCDP), un groupe de réflexion sur cette question présidé par l'ancien président brésilien Fernando Henrique Cardoso. L'entrepreneur britannique a adressé une lettre au président indonésien Joko Widodo dans laquelle il se dit prêt à se rendre à Jakarta pour discuter du sujet.
"Nous avons effectué de nombreuses recherches sur la guerre contre la drogue à un niveau international", a-t-il expliqué à l'Australian Broadcasting Corporation. "Nous avons trouvé, au terme de recherches scientifiques et d'études sur le terrain, que les pays qui appliquent toujours la peine de mort dans les affaires de trafic de drogue n'ont vu aucun changement significatif de l'offre et de la demande. Le commerce de la drogue reste remarquablement inébranlé par la peine de mort", a-t-il ajouté.
Le président Joko Widodo justifie son refus de gracier les condamnés à mort pour trafic de stupéfiants par les dégâts provoqués par la drogue dans son pays.
"Visitez s'il vous plaît les centres de désintoxication, où (les drogués) hurlent à cause de leur dépendance. On doit voir les choses des deux côtés", avait ainsi déclaré samedi M. Widodo, soulignant que 4,5 millions d'Indonésiens devaient recevoir des soins en raison de leur addiction.
Pour la première fois depuis 2013, six condamnés à mort, parmi lesquels cinq étrangers, avaient été exécutés le 18 janvier en Indonésie, provoquant de vives réactions de certains des pays concernés.
Richard Branson a cité l'exemple du Portugal, qui a dépénalisé au début des années 2000 l'achat, la possession et l'usage de tous les stupéfiants, et qui a connu des effets bénéfiques, avec un faible niveau de consommation.
"Nous croyons avec force que la peine de mort est une forme de punition inhumaine qui a maintes fois fait la démonstration de son inefficacité en matière de dissuasion", écrit Richard Branson dans sa lettre co-signée par M. Cardoso et l'ancienne présidente suisse Ruth Dreifuss.
"Monsieur le président, nous espérons que vous tiendrez compte de notre appel et épargnerez aux (condamnés dans le couloir de la mort) cette ultime punition irréversible", disent-ils. "Accorder votre clémence serait un geste humain et vertueux, et la première étape d'une réforme sensée qui pourrait servir d'exemple à toute la région asiatique", concluent-ils.