Genève - La situation des droits de l'Homme en Iran s'est détériorée, avec la rapide augmentation des exécutions, a estimé lundi l'expert de l'ONU chargé du dossier, assurant qu'une partie des Iraniens craint que les négociations en cours sur le nucléaire iranien ne fassent oublier le reste.
Je note et salue une amélioration certaine et limitée sur le terrain, mais la situation générale en Iran reste assez désastreuse, a déclaré aux journalistes le rapporteur spécial de l'ONU, Ahmed Shaheed, avant la présentation de son dernier rapport devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève.
Il a mis en exergue la recrudescence des exécutions, l'emprisonnement de journalistes et de militants, la discrimination dont souffrent les femmes et la situation toujours préoccupante des minorités.
Selon le rapport, au moins 753 personnes (dont 25 femmes et 13 mineurs) ont été exécutées par les autorités en Iran en 2014, le chiffre le plus élevé depuis 12 ans (contre 680 en 2013). Près de la moitié (362) de ces exécution sont liées au trafic de drogue, ce qui est contraire aux normes internationales en matière de peine de mort, a expliqué M. Shaheed.
L'Iran continue d'être le pays qui exécute le plus au monde par habitant, a-t-il ajouté, demandant à Téhéran d'établir un moratoire immédiat sur la peine de mort.
L'expert a par ailleurs demandé la libération de toutes les personnes emprisonnées pour avoir usé de la liberté d'expression et de leurs droits de religion et d'association. Selon M. Shaheed, l'Iran est le pays qui emprisonne le plus les journalistes.
Il a expliqué que l'élection du président réformateur Hassan Rohani en 2013 n'avait pas vraiment permis d'améliorer la situation des droits de l'Homme, car le parlement n'est pas réformateur.
Malgré tout, M. Shaheed estime que la situation peut changer si la communauté internationale continue d'exercer des pressions sur l'Iran. Il y a un potentiel de changement, a-t-il souligné , relevant que l'Iran se soucie vraiment de ce qui est dit sur le pays dans les forums internationaux.
L'ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU à Genève, Mohsen Naziri Asl, a quant à lui jugé que cet expert avait eu des motivations politiques, regrettant devant le Conseil des droits de l'homme qu'il ignore les évolutions positives en Iran.