Le Pakistan a pendu mardi un homme coupable de meurtre, portant ainsi à 55 le nombre d'exécutions au pays depuis la levée à la mi-décembre du moratoire sur la peine capitale.
Muhammad Nasrullah a été pendu mardi à la prison de Multan (centre) après 20 ans passés dans les couloirs de la mort pour un meurtre lié à une dispute familiale remontant à 1994, ont indiqué les autorités carcérales.
Dans la foulée du raid taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest), attaque la plus sanglante de l'histoire du pays, fatale à 154 personnes, le Pakistan avait levé partiellement, pour les seuls cas de terrorisme, son moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008.
Mais il y a environ deux semaines, les autorités ont levé complètement le moratoire et accéléré les exécutions au grand dam d'organisations de défense des droits de l'Homme, de l'ONU et de l'Union européenne (UE) qui exhortent Islamabad à rétablir le moratoire.
L'un des cas les plus symboliques est celui de Shafqat Hussain, condamné à mort pour le meurtre en 2004 d'un jeune garçon, commis à l'adolescence selon son certificat de naissance présenté par sa famille qui plaide son innocence. Selon ses avocats, Shafqat Hussain, issu d'une famille pauvre du Cachemire (nord-est), avait avoué le crime après neuf jours de torture par la police et s'était ensuite rétracté.
La semaine dernière, les autorités ont sursis in extremis à son exécution et autorisé une nouvelle enquête afin de déterminer son âge réel au moment des faits qui lui sont reprochés, la loi interdisant le recours à la peine de mort pour des crimes commis par des mineurs.
Le ministre de l'Intérieur Chaudhry Nisar a confirmé mardi que l'exécution de Shafqat Hussain avait bel et bien été repoussée d'un mois tout en affirmant n'avoir reçu aucune preuve pour l'heure confirmant qu'il était mineur au moment des faits.
«Nous n'avons reçu aucune preuve de quiconque concernant son âge», a déclaré M. Nisar lors d'une conférence ce presse alors que l'ONG défendant Shafqat Hussain affirme avoir, elle, transmis au gouvernement les documents prouvant qu'il était un adolescent au moment des faits.