SUVA (Reuters) - Un tribunal fidjien a ordonné l'exécution de George Speight, après que ce dernier eut plaidé coupable de trahison, pour avoir renversé le premier gouvernement à dominante indienne en 2000.
Les avocats du prévenu ont adressé une lettre au président Ratu Josefa Iloilo dans laquelle ils demandent sa grâce. Le président a le pouvoir de commuer la peine capitale en réclusion à perpétuité voire même de gracier.
"Nous avons demandé au président qu'il le gracie", a dit à Reuters Ron Cannon.
Le juge Michael Scott a ordonné que Speight soit amené en prison puis sur le lieu où doit être appliquée la sentence de mort par pendaison.
A la lecture du jugement, Speight, qui, contre toute attente, avait plaidé coupable, a craqué et pleuré mais son avocat a dit par la suite qu'il pensait que la sentence serait commuée en réclusion à perpétuité.
"Le juge avait les mains liées et il était obligé de rendre cette sentence mais je suis certain que George Speight ne sera pas exécuté", a-t-il déclaré.
L'ex-Premier ministre Sitiveni Rabuka, auteur de deux coups d'Etat en 1987 alors qu'il était chef des armées, fut gracié par le président de l'époque.
La trahison est punie de la peine de mort aux Fidji mais le gouvernement a annoncé la semaine dernière qu'il présenterait une loi pour remplacer cette peine par la réclusion à perpétuité.
Le Parlement fidjien se réunit lundi mais on ne sait pas quand ce texte sera voté et s'il sera rétroactif.
Speight et ses nationalistes armés investirent le Parlement le 19 mai 2000, affirmant que les Indiens de souche portaient atteinte aux droits des indigènes fidjiens, et chassèrent le Premier ministre Mahendra Chaudhry.
Dans un communiqué lu au tribunal par son avocat, Speight lance un appel au calme à ses partisans. "Il prie ses partisans et sympathisants qui craignent pour sa vie de garder leur calme et leur maîtrise. Sa vie n'est pas en danger", a dit Cannon.
"Son sort est dans les mains du président et tout comportement déplacé et émeutier aura un effet dommageable sur la réputation de la république des Fidji et de ses citoyens".
Devant la tribunal, l'annonce du verdict a plongé les partisans de Speight dans la stupeur. Certains d'entre eux avaient brûlé et pillé des boutiques d'Indiens de souche à Suva immédiatement après le coup d'Etat. Pour prévenir tout incident, la police avait établi un périmètre de sécurité autour du tribunal et des barrages sur les routes à Suva.
L'avocat de Speight a dit que celui-ci avait plaidé coupable pour amener la paix et la stabilité aux Fidji mais bon nombre pensent que l'arrêté du tribunal ordonnant, la semaine dernière, au gouvernement d'inviter des Indiens de souche à y participer risque de provoquer une nouvelle flambée de violence.
Le Premier ministre Qarase a menacé de démissionner et il est probable qu'il fera appel de la décision de justice.
Les Indiens de souche ont été amenés aux Fidji par les Britanniques à la fin du XIXe siècle pour exploiter la canne à sucre. Ils représentent à présent 44% de la population des Fidji qui compte 800.000 habitants.