Un tribunal égyptien a confirmé lundi les condamnations à mort de 22 partisans de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, pour l'attaque d'un commissariat en juillet 2013 durant laquelle un policier a été tué. Les condamnés peuvent faire appel.
Ces condamnations interviennent la veille du premier verdict attendu contre M. Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013 et qui risque la peine de mort. Il est accusé d'"incitation au meurtre" de manifestants de l'opposition en décembre 2012, au moment où il était au pouvoir.
Un tribunal de Guizeh, au Caire, a rendu son verdict après avoir soumis au mufti de la République ces condamnations à mort prononcées le 18 mars. L'avis de cette autorité religieuse doit être sollicité pour les peines capitales, mais il n'est pas contraignant.
Les 22 pro-Morsi, dont 14 sont actuellement derrière les barreaux, ont été condamnés pour une attaque le 3 juillet 2013 visant un commissariat de police à Kerdassa (banlieue du Caire), le jour de la destitution de M. Morsi, selon un responsable du tribunal. Un policier a été tué dans cet assaut.
Dans cette même affaire, un mineur, actuellement derrière les barreaux, a été condamné à dix ans dans un centre de détention juvénile.
Depuis que M. Morsi a été destitué par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, ses partisans sont la cible d'une répression sanglante. Plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont ainsi été tués et plus de 15'000 de ses partisans emprisonnés.
Des centaines de pro-Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, qualifié par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
L'armée mène aussi une vaste offensive dans le Sinaï contre les groupes djihadistes. Elle essuie elle-même, comme la police, de nombreux attentats meurtriers.
Trois militaires, dont un officier, ont à nouveau été tués lundi dans l'explosion d'une bombe au passage de leur véhicule blindé dans le Sinaï, a indiqué un responsable des services de sécurité qui a requis l'anonymat. Un nouvel attentat revendiqué par la branche locale de l'organisation Etat islamique (EI).
Au total, selon les autorités, plus de 500 policiers et soldats ont été tués dans des attaques, essentiellement dans le Nord-Sinaï, depuis 2013. Certaines ont également visé policiers et soldats au Caire.
Le directeur de la CIA Paul Brennan a discuté dans ce contexte avec le président égyptien des conflits qui sévissent au Moyen-Orient et des efforts conjoints américains et égyptiens pour "éradiquer le terrorisme", a annoncé Le Caire.
Les relations entre Washington et le Caire, un allié-clé de longue date dans la région, s'étaient légèrement refroidies depuis que M. Sissi avait destitué Mohamed Morsi.
Mais elles sont quasiment redevenues normales fin mars, les Etats-Unis annonçant qu'ils mettaient fin au gel partiel de leur manne financière annuelle de 1,5 milliard de dollars à l'Egypte, dont 1,3 milliard destinés à l'armée.
L'Egypte se présente comme le fer de lance de la création annoncée par la Ligue arabe d'une force arabe conjointe destinée notamment à combattre les groupes djihadistes, en particulier l'EI. Mais le Caire participe aussi activement aux bombardements de la coalition emmenée par l'Arabie saoudite des positions au Yémen des rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite chiite yéménite et soutenus par l'Iran.