L'Indonésie, où l'exécution de neuf condamnés à mort pour trafic de drogue est imminente et à laquelle a provisoirement échappé un Français, applique comme d'autres pays d'Asie du Sud-Est la peine capitale pour les infractions aux stupéfiants qui relèvent des crimes les plus graves.
Selon la législation internationale, la peine de mort ne devrait pourtant s'appliquer qu'à des crimes de sang -- assassinat, meurtre --, comme l'a rappelé samedi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon.
Mais en Indonésie, en Malaisie, à Singapour, en Thaïlande et au Vietnam, le trafic de drogue, voire la possession d'infimes quantités de stupéfiants, sont passibles de la peine capitale.
L'ampleur du fléau de la drogue dans cette région qui est une plaque tournante du commerce international de produits stupéfiants comme l'héroïne, en raison de sa position stratégique (grandes liaisions maritimes, hausse du tourisme), est l'une des explications avancée pour justifer le recours à la peine capitale.
- Indonésie -
Quelque 140 détenus sont condamnés à mort en Indonésie, dont environ 60 (parmi lesquels une trentaine d'étrangers) pour trafic de drogue. Intransigeant sur la peine capitale pour les affaires de stupéfiants, le président Joko Widodo, arrivé au pouvoir en octobre dernier, a rejeté toutes les demandes de grâce de condamnés à mort pour trafic de drogue.
Il a en revanche accepté de commuer en prison à perpétuité la condamnation à mort pour meurtre d'un Indonésien.
Après un moratoire de quatre ans (2009-2012), les exécutions par arme à feu ont repris en 2013 (cinq condamnés), et risquent de connaître une accélération sans précédent sous la présidence de Joko Widodo, surnommé Jokowi.
Neuf détenus dans le couloir de la mort pour trafic de drogue, dont huit étrangers, seront exécutés probablement mardi, après une première vague en janvier (six condamnés pour trafic de drogue fusillés, parmi lesquels cinq étrangers).
En décembre dernier, le vice-président indonésien, Jusuf Kalla, a indiqué que les quelque 60 condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue seraient tous exécutés, sans préciser dans quel délai. Depuis l'instauration de la peine de mort en Indonésie dans les années 1970, une soixantaine de condamnés au total ont été exécutés.
Le gouvernement justifie l'application de la peine capitale dans les affaires de drogue en expliquant que ce fléau fait des centaines de morts chaque année, tout en multipliant les initiatives pour sauver la vie des Indonésiens condamnés à mort à l'étranger.
- Malaisie -
Au moins deux détenus ont été exécutés l'an passé en Malaisie, selon Amnesty International. Trente-huit personnes auraient été condamnées à mort en 2014.
Au total, plus de 900 détenus sont dans le couloir de la mort, selon le gouvernement malaisien, qui ne révèle aucune information sur les exécutions, apparemment rares.
Plus de 70% d'entre eux ont été condamnés pour des affaires de drogue, selon Amnesty.
- Singapour -
Après un moratoire sur la peine de mort en 2012 et 2013, deux condamnés pour trafic de drogue (moins de 100 grammes de produits stupéfiants) ont exécutés par pendaison en 2014, selon les derniers chiffres officiels de la cité-Etat. Des recours ont été déposés par 23 détenus condamnés à la peine capitale.
- Vietnam -
Quelque 70-80 prisonniers sont condamnés à mort chaque année au Vietnam, principalement pour trafic de drogue et meurtre. Ce pays ne publie aucune statistique officielle sur le nombre de condamnations ou d'exécutions. Mais selon des informations de presse et un comptage de l'AFP, plus de 700 détenus sont dans le couloir de la mort. Environ 50 ont été exécutés en 2014.
- Thaïlande -
Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), 623 détenus sont dans le couloir de la mort, en majorité pour des affaires de stupéfiants. Mais la Thaïlande n'a procédé à aucune exécution depuis 2009.
Deux autres pays de la région, la Birmanie et le Laos, où la peine de mort est toujours en vigueur, n'ont pas eu recours à des exécutions depuis plusieurs années.