Les autorités pakistanaises ont atteint mardi le plateau des cent exécutions depuis la levée du moratoire sur la peine capitale, décidée en décembre au lendemain du raid des talibans contre une école de Peshawar (nord-ouest).
Munir Hussain, condamné à la peine de mort pour les meurtres de son neveu et de sa nièce dans un drame familial remontant à l'an 2000, a été pendu mardi matin à la prison de Vehari, située à près de 400 kilomètres au sud de la capitale Islamabad dans la province du Pendjab, ont indiqué à l'AFP les autorités carcérales.
Dans la foulée du raid taliban contre une école de Peshawar, qui avait fait 154 morts en décembre, le Pakistan avait levé son moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008, en dépit des protestations de l'Union européenne (UE) et d'organisations de défense des droits de l'Homme. Au cours des dernières semaines, les autorités ont d'ailleurs accéléré le rythme des exécutions avec par exemple 15 pendaisons en une seule journée la semaine dernière.
"En atteignant en seulement quatre mois le plateau des 100 exécutions, un jalon de la honte, les autorités pakistanaises font preuve d'un mépris total envers la vie humaine", a réagi David Griffiths, vice-directeur d'Amnesty International pour l'Asie, appelant le gouvernement à remettre en place le moratoire sur la peine capitale. "Des crimes sérieux comme le meurtre et des actes de terrorisme sont tout à fait répréhensibles, mais tuer au nom de la justice n'est en rien dissuasif", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le Pakistan avait obtenu l'an dernier de l'UE le statut "GSP+" qui exempte de taxes ses exportations de textile, ce qui lui a permis d'augmenter d'un milliard de dollars ses ventes en Europe, en s'engageant entre autres à maintenir son moratoire sur la peine de mort. Après le carnage de Peshawar, le gouvernement avait également approuvé la création de nouveaux tribunaux antiterroristes gérés par la puissante armée. Ces tribunaux, dont le fonctionnement demeure opaque, ont déjà condamné à mort six rebelles islamistes présumés. Mais la Cour suprême a suspendu début avril leur exécution à la suite d'une requête d'une association d'avocats contestant la constitutionnalité de ces tribunaux militaires.