Angela Merkel a reçu mercredi à Berlin le président égyptien Abdel Fattah al Sissi. La chancelière allemande a déclaré que son pays était prêt à intensifier ses relations commerciales avec l'Egypte, mais elle a redit son opposition à la peine de mort.
La chancelière allemande s'exprimait lors d'une conférence de presse commune, qui s'est achevée lorsqu'un protestataire a crié "C'est un meurtrier!", en désignant le président égyptien. Son prédécesseur, l'islamiste Mohamed Morsi, a été condamné à la peine capitale il y a peu par la justice égyptienne.
Cette première visite de M. Sissi en Allemagne a suscité de vives controverses. Le président du Bundestag (parlement), Norbert Lammert, a prévenu le mois dernier qu'il ne rencontrerait pas le président égyptien. Il lui reproche un "nombre invraisemblable de condamnations à mort."
La violence et la répression se sont intensifiées en Egypte depuis le renversement en juillet 2013 de Mohamed Morsi par le chef d'état-major de l'armée, Abdel Fattah al Sissi. Ce dernier a depuis été élu à la présidence. Il mène une lutte implacable contre les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi.
La police allemande est intervenue pour s'interposer entre une centaine de manifestants pro-Sissi et une cinquantaine d'adversaires du président égyptien rassemblés devant la chancellerie à Berlin.
Angela Merkel a dit lors de la conférence de presse que beaucoup de raisons justifiaient un rapprochement entre les deux pays, notamment les questions sécuritaires. Elle a souligné "l'importance hautement stratégique" de l'Egypte pour la stabilité de l'Afrique et du Moyen-Orient, évoquant la menace de l'Etat islamique (EI), les troubles en Libye ainsi que les islamistes de Boko Haram au Nigeria.
"(Mais) il y a des sujets sur lesquels nous n'avons pas la même opinion", a-t-elle dit, "notamment sur le fait que rien ne justifie que l'on puisse être condamné à mort, même dans les cas de terrorisme."
"Je pense que si l'on veut être partenaires et régler des dossiers complexes, il faut que nous puissions dire ces choses, mais cela ne veut pas dire que nous ne puissions travailler très, très étroitement sur d'autres sujets."
"Vous avez un point de vue que nous respectons, mais nous avons un point de vue que vous devez respecter", lui a répondu M. Sissi. "Nous aussi, nous aimons la démocratie et la liberté", a-t-il lancé, tout en soulignant qu'il fallait garantir la stabilité de l'Egypte. "Nous n'accepterons jamais que notre pays devienne comme la Syrie, le Yémen, la Libye ou l'Irak", a-t-il ajouté.
Cette visite a permis au président égyptien de concrétiser un contrat avec Siemens. Le géant allemand de l'industrie a annoncé avoir finalisé le plus gros contrat de son histoire, d'une valeur de huit milliards d'euros, portant sur la livraison à l'Egypte de 24 turbines à gaz qui seront installées dans trois nouvelles centrales électriques, et d'une usine clé en main de pales d'éoliennes.
Celle-ci emploiera à partir du deuxième semestre 2017 un millier de salariés et d'apprentis dans la région d'Ain Soukhna. Elle permettra la construction de 600 éoliennes, qui seront érigées dans douze nouveaux parcs éoliens. Siemens affirme que la réalisation du contrat contribuera à augmenter de 50% la capacité de production électrique de l'Egypte.