Le chef des Frères musulmans, condamné en Egypte dans plusieurs affaires, sera également jugé pour l'organisation d'un sit-in monstre en faveur de l'ex-président Mohamed Morsi à l'été 2013 sur la place Rabaa al-Adawiya au Caire, a annoncé le parquet mardi.
Des centaines de partisans de M. Morsi avaient été tués par les forces de l'ordre lors de la dispersion de ce rassemblement qui avait réuni plusieurs milliers de personnes.
Depuis que M. Morsi a été destitué par l'armée en juillet 2013, ses partisans sont la cible d'une sanglante répression qui a fait plus de 1.400 morts. Les autorités sont accusées d'instrumentaliser la justice dans leur lutte implacable contre l'opposition islamiste.
Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie islamiste dont est issu M. Morsi, sera jugé aux côtés d'un "certain nombre de dirigeants et de membres" de l'organisation, selon un communiqué du bureau du procureur général.
Ils sont devant la justice pour avoir "organisé et participé à un rassemblement armé place Rabaa al-Adaweya" et "assassiné des citoyens ainsi que des policiers chargés de disperser leur rassemblement" qui avait débuté le 21 juin 2013.
Le 14 août 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 600 manifestants pro-Morsi dans la dispersion du sit-in monstre organisé place Rabaa Al-Adawiya, selon des chiffres officiels.
Dix policiers avaient été tués dans cette opération après avoir essuyé des tirs venant des rangs des manifestants, selon le ministère de l'Intérieur.
L'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) avait cependant accusé les nouvelles autorités d'avoir perpétré "une tuerie de masse" qui "s'apparente probablement à un crime contre l'Humanité", réclamant une enquête visant jusqu'à l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, artisan de la destitution de M. Morsi.
Dans un rapport présenté en août 2014, HRW parlait de 817 morts sur la place Rabaa.
Dans cette nouvelle affaire impliquant M. Badie, on reproche également aux accusés d'avoir "arrêté et séquestré des citoyens et de les avoir torturés", mais aussi d'avoir "bloqué des routes, restreint la liberté de circulation, entravé les transports publics, occupé et vandalisé des bâtiments publics et privés".
M. Badie a été condamné à mort en juin au côté de M. Morsi pour des violences durant la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. En avril il avait également été condamné à mort dans un autre procès. Il a écopé de la prison à vie dans cinq autres affaires.
Des dizaines de milliers de pro-Morsi ont été emprisonnés, tandis que des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs dénoncés par l'Onu.