Le Pakistan a reporté l'exécution d'un condamné à mort paraplégique, à la suite de protestations d'une organisation de défense des droits de l'Homme qui estime impossible de pendre un homme en chaise roulante, ont annoncé mardi des responsables pénitentiaires.
Abdul Basit, 43 ans, a été condamné à la peine capitale et emprisonné en 2009, avant de contracter l'année suivante une méningite tuberculeuse qui l'a laissé paralysé sous la taille, selon plusieurs responsables associatifs et pénitentiaires.
Alors qu'il devait être pendu mardi, un tribunal a reporté l'exécution après que l'ONG Justice Project Pakistan (JPP), qui le défend, a soulevé des objections sur la manière dont cet homme en chaise roulante irait à l'échafaud.
Selon JPP, les règles pénitentiaires en vigueur stipulent que, pour être exécuté, un prisonnier doit se tenir debout sous la potence, et que la longueur de la corde doit être déterminée par sa hauteur dans cette position. Elles ne permettent donc pas de pendre un homme en chaise roulante, souligne-t-elle.
«La pendaison a été reportée ce matin sur ordre d'un magistrat, en raison du handicap d'Abdul Basit», a déclaré à l'AFP Usman, un cadre de la prison de Faisalabad (est) où le condamné est détenu. La mère d'Abdul Basit, Nusrat Perveen, a confirmé à l'AFP que l'exécution de son fils avait été reportée «en raison de sa maladie».
Le Pakistan a pendu plus de 200 condamnés à mort depuis décembre dernier, lorsqu'il a mis fin à un moratoire sur les exécutions de peine de mort, en vigueur depuis 2008, après le massacre par un commando rebelle taliban de plus de 150 personnes, en majorité des enfants, dans une école de Peshawar (nord-ouest).
Selon Amnesty International, plus de 8000 prisonniers, ayant pour la plupart épuisé tous les recours possibles, croupissent actuellement dans les couloirs de la mort au Pakistan.
Hormis quelques ONG et observateurs, le retour des exécutions de peine capitale n'y a guère déclenché de protestations, beaucoup voyant la peine de mort comme une dissuasion nécessaire pour lutter contre le terrorisme qui ensanglante le pays depuis près de dix ans.
Les opposants à la peine capitale soulignent de leur côté que le système judiciaire local, peu professionnel et corrompu, est souvent injuste envers les plus démunis, victimes notamment de tortures en prison et de procès bâclés.