La 13e journée internationale contre la peine de mort a lieu samedi. Le conseiller fédéral Didier Burkhalter souhaite que la peine capitale soit abolie dans tous les pays en 2025. Pour atteindre ce but, la Suisse mise sur le dialogue.
«Je suis toujours bouleversé de savoir qu'il est possible de décider de la vie d'un homme», a indiqué vendredi Didier Burkhalter dans un communiqué publié vendredi par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La Confédération s'oppose à la peine capitale dans toutes les circonstances.
Appel lancé samedi
Le chef de la diplomatie suisse et 17 de ses homologues vont lancer samedi un appel demandant l'abolition de la peine de mort. La peine capitale n'a plus sa place au XXIe siècle, estiment les dix-huit signataires.
Les systèmes judiciaires modernes doivent aspirer à plus qu'une simple vengeance. L'effet dissuasif de la peine de mort n'est d'ailleurs pas prouvé, de même qu'elle ne fournit pas une réparation adaptée aux victimes, estiment-ils.
Cent trois pays ont aboli la peine capitale, selon les chiffres du DFAE. Certes, elle est encore permise dans près de 60 pays, mais ceux-ci n'y ont plus recouru depuis plus de dix ans. En revanche, la peine de mort est encore en vigueur dans 38 pays, parmi lesquels l'Iran, l'Arabie saoudite, le Pakistan, les Etats-Unis et la Chine.
Expliquer et sensibiliser
La Suisse s'engage fortement en faveur de son abolition. Pour ce faire, elle s'appuie sur le dialogue, notamment par l'entremise d'avocats suisses qui conseillent des confrères travaillant dans des pays où la peine capitale peut être prononcée, a indiqué jeudi devant les médias Nicole Wyrsch, ambassadrice pour les droits de l'Homme auprès du DFAE.
La Suisse soutient également l'échange entre parlementaires au sujet de la peine de mort. Dans les pays qui l'appliquent, les politiciens ne souhaitent pas l'abolir car ils craignent d'en faire les frais dans les urnes. Ils partent également du principe que la peine capitale bénéficie encore d'un fort soutien parmi la population, a précisé M. Wyrsch.
Elle ajoute que la Suisse tente d'informer et de sensibiliser les populations des pays où la peine capitale est pratiquée. Quand les personnes sont informées de manière plus précise et peuvent réfléchir sur les implications de la peine de mort, ils changent peut-être d'avis, selon elle.
Moyen de pression
Mme Wyrsch plaide pour un dialogue avec l'Iran, le Pakistan et l'Arabie saoudite, des pays dans lesquels le recours à la peine capitale s'est accru ces derniers temps.
Pour Mme Wyrsch, il n'est pas forcément négatif que ces pays soient en vue, à l'instar de l'Arabie saoudite qui préside une commission consultative du Conseil des droits de l'Homme. Plus visibles, ils sont plus facilement sous les feux de la critique, selon elle.
La Suisse les rend d'ailleurs attentifs au fait que leur crédibilité pâtit des manquements dans le domaine des droits de l'Homme à l'intérieur de leurs propres frontières.
Portée symbolique
Enfin, l'ambassadrice relève quelques progrès dans le sens d'une possible abolition à terme aux Etats-Unis. De fait, la peine capitale n'est plus qu'appliquée dans trois des 50 Etats américains. Avec ce recul s'ajoutent des sondages d'opinion qui indiquent que toujours plus d'Américains s'opposent aujourd'hui à la peine de mort.
«Si des pays influents comme les Etats-Unis ou le Japon abolissaient la peine de mort, cela aurait une grosse portée symbolique», estime l'ambassadrice.
Pour mémoire, la Suisse a aboli la peine capitale en 1942, à l'exception de la justice militaire qui en a fait de même cinquante ans plus tard en 1992.